Page 95 - Catalogue_Traverse Vidéo_2018
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Cinéma Le Cratère Projections
Un intertitre, en incipit, donne la marche à suivre, avec, en dernier point, la demande
« d’exercer son émotion, sa sensation plus que l’érudition ».
L’ombre d’un jeune homme marche sur des carrelages
à la fin d’un périple sans logique d’itinéraire… autre que
les images sonores inquiètes de guerre, en off. Fragment
de buste près d’une vitre, corps reconnaissable en
explicit via corps recroquevillé dans son atterrissage
dans la nature, il va de lieux paisibles à formes étranges
ou à entassement d’objets abandonnés, s’approche de
frondaison mouvante ou de haute sirène, passe près d’immeubles. Les éléments
empruntés à des films sans origine se suivent comme autant de fragments de la
mémoire incapable de dresser une logique narrative. Il en reste « la nature sauvage
des souvenirs » et la matérialité du film dont un plan pousse l’autre, avec la rayure, les
effets de vieillissement et l’hypnotisme de cette étrangeté assumée.
Simone Dompeyre
Mathieu Dufois, Sauf la lumière
11min08 | France
« Dehors, la nuit, errent des personnes inertes, telles des images figées.
Soudain, surgissent les flux lumineux d’une ville quasi-spectrale qui vont interagir avec ces
êtres. »
Mon travail plastique est axé sur la récupération,
le recyclage et la remodulation de séquences
de films et de photographies sous forme de
dessins, de vidéos-animations ou de maquettes.
L’acte de dessiner comme l’opération d’une
transformation et d’une appropriation. […]
En retenant, certains passages de films –
particulièrement des années 1950-1960 – mes réalisations évoquent la mémoire des
images ou plutôt la mémoire d’une émotion par l’image, car ces films ont construit
et formé une époque, des générations antérieures. L’outil du dessin, mon travail
se dévoile comme un désir d’avoir accès à une période non vécue, suivi du désir
d’incarnation, d’identification qui résulterait d’une fascination des images.
L’artiste cite : « Le dessin est au fondement du travail de Mathieu Dufois. Avec la pierre
noire, le papier, il pose la question de la persistance des images et des sensations
qu’elles procurent. Passant de deux à trois dimensions, il scénarise et met en
scène sa pratique graphique. Séries de dessins, maquettes et films sont imprégnés
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