Page 107 - Catalogue_Traverse Vidéo_2018
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Cinéma Le Cratère Projections
peut que composer une trace, que le film n’enferme pas le vif mais l’offre au désir
inépuisable à entendre/voir/vivre puisque le sujet n’est jamais arrêté.
Eux aussi légèrement perturbés par la distorsion de la vidéo, des bruits ambiants de
salle, l’Adagio de Barber et une chanson allemande de cabaret se font le fond d’un
« c’est l’amour » susurré. L’acte vidéo amoureux glisse des bribes d’autoportrait et
de grande fidélité à soi-même ; Arnold Pasquier concluait un entretien mené par
Clément Postec, pour les Cahiers d’À bras le corps : « Faire du cinéma, c’est trouver
la juste distance entre son désir et le corps de l’autre, dans un endroit précis. Ce n’est
pas très difficile, c’est comme embrasser ou faire l’amour. On essaye, c’est bien et
pourtant on recommence toujours. »
Aurevoiretmerci dessine son titre en miroir, en le dupliquant pas son envers
icremterioverua. Cela figure la translation des arts. Danse/théâtre/musique/vidéo/
tableau pour une si forte expérience sensible ainsi réitérée du solo de Pina Bausch :
Danzon, pris par Arnold ce 21 juin 2001, au Théâtre de la Ville, Paris. Puisque le
temps est mouvement comme l’amour et que ce mouvement dansé se susurre
« ça c’est l’amour ».
Simone Dompeyre
Déjà paru dans le catalogue de 2017
Arnold Pasquier, Ça, c’est l’amour / C’est ça l’amour
4min17 / 2min03 | France
Arnold Pasquier se consacre désormais aux longues
explorations, de l’autre, du sentiment amoureux, de ce qui
fait lien ; cela ne doit pas, ne peut pas effacer ces formes
courtes du début 2000, au principe minimaliste en osmose
amoureuse – elle-aussi – avec ce qu’elles chantent. Le principe
en est si simple qu’il en est haptique : plan fixe, très gros plan
visage – il excède le champ pour la plus grande des proximités – caressé du bout des
doigts. La mer n’est jamais loin ni la lumière – italienne ?
Et la chanson qui fait corps, elle aussi avec le corps danseur, le corps aimé, le corps
vidéographique avec l’écho pour Ça, c’est l’amour de la musique de Les Girls de
George Cukor sans l’inquiétude concernant la vérité de cette
comédie musicale. Tout est plénitude dans cette déclaration-ci.
Et ce léger humour apaisé du hiatus en cette titrologie assertive
répond à notre propre désir d’entendre que oui : ça c’est et oui
c’est ça l’amour.
Simone Dompeyre
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