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Projections  Cinéma Le Cratère

avec lequel la peur est convertie en frénésie sexuelle qui à son tour est reconvertie
en peur (reconversion ayant souvent une issue fatale, paraît-il). Nous ne pouvons
nous empêcher de « coller » ces mots à ce que nous voyons, vieux réflexe auquel le
cinéma mainstream nous a formés. Des correspondances en surviennent, forcément,
comme dans un horoscope. Mais les mots ont une autre trajectoire, tout comme ce
virus : « vaste pieuvre à travers les corps de la ville, mutant en de multiples formes ».
Et ces « hallucinations produites par le virus » nous dévoilent peut-être que ce « virus »
en question n’est autre que ce film que nous voyons et que ces images mentales
qu’il nous inculque sont un début de contamination à transformer une peur en
désir. La peur de l’étrange, la peur de la différence, la peur de ne pas comprendre ?
Nous sentons bien la légèreté de ces êtres atteints de ce « virus » (mais le sont-ils ?),
leur évanescence que la musique parfois souligne : il y a du plaisir, de la jouissance,
de la franchise, de la vie et la mort aussi, tout cela imbriqué.

Nous sortons ensuite des images, nous sortons du livre comme nous y sommes
entrés : les sons anecdotiques viennent et nous rappellent (nous réveillent ?)
à la réalité : nous avons rêvé, nous avons lu, le téléphone sonne.

                                                                           Samuel Bester

Adrian Garcia Gomez, Mikveh

5min30 | Israël

                                                      Mikvé en hébreu renvoie littéralement au
                                                      « rassemblement » des eaux, cependant,
                                                      il désigne précisément un bain rituel qui,
                                                      par définition, obéit à de nombreuses
                                                      obligations pour être kasher  ; cela, dès
                                                      la construction du bassin, généralement
                                                      creusé à même le sol, capable de contenir
                                                      environ 500 litres d’eau non stagnante et
pour beaucoup d’origine naturelle comme de l’eau de pluie, de source, de rivière ou
de mer et des marches y conduisent.

Institution prégnante de la vie juive traditionnelle, attestée archéologiquement, ce rite
liminaire concerne un changement d’état, celui du passage de l’impur au pur : la
fiancée s’y prépare pour la nuit de noces ; la femme le pratique selon son cycle
menstruel ; il est ainsi lié à la sexualité des couples dans l’idée de la famille comme
pilier de l’ordre social tout entier.

Si Amos Gitaï, avec Kadosh, en 1999, l’accuse comme moyen de domination des

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