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Projections Cinéma ABC
Hector Rodriguez, Entropic Envelope (Mothlight)
4min01 | Hong Kong
Pour aborder les deux œuvres/opérations de
Hector Rodriguez qui ont ouvert un vif débat sur la
limite art/ingénierie, revenir à une œuvre maîtresse
de l’expérimental : Oscilloscope 1 – Physique de
l’Évangile où Dania Reymond soumet de brefs
fragments de la montée au Golgotha, la Crucifixion
et la Passion, de L’Évangile selon Saint Mathieu de
Pasolini, de 1964 au filtre de l’oscilloscope – ce qui
attire le titre. Cet appareil, intégré à un logiciel de montage est habituellement chargé
de vérifier si la vidéo répond aux normes de sa diffusion en télévision, au PAD – prêt
à diffuser ; Dania Reymond en garde les sinusoïdes. Traduites en signaux électriques,
selon les variations de l’amplitude des intensités lumineuses, les images deviennent
physique pure. Les mouvements ondulatoires, à travers lesquels parfois se dessinent
tel drapé ou tel élément de la croix que l’on dresse, sont portés par la musique, elle,
non altérée. Les figures devenues abstraites, rapportées à la plasticité, restent fidèles
à l’esprit de l’œuvre première mais la lecture est toute sensitive, multisensorielle.
Entropic Envelope (Mothlight) affirme de même son programme en termes scientifiques
et s’il cite le film de Stan Brahkage, de 1963, il l’annonce entre parenthèses, signalant
une approche différente que celle d’obédience… puisqu’impliquant le principe de
l’entropie, ce processus de dégradation de l’énergie et d’augmentation du désordre.
Mothlight de Brackage résultait de l’assemblage d’ailes de papillons de nuit, de pétales
de fleurs, de feuilles et autres brins d’herbe, pressés entre deux bandes 16 mm avec
perforations. Les composants retenus sur des ampoules pour les insectes morts
ou cueillis pour la flore devaient être minces et translucides, afin de laisser passer la
lumière.
Brakhage le structure en mouvements divers, plus ou moins denses, y compris pour
ses tempi, en vitraux ou en pointillisme, parfois des ocelles, des effets de graphes,
de chute ou d’accumulation dilatent ou condensent le temps, dans le surgissement
de scintillement ou de colorations en accord, vert et marron. Cela sans sons autres,
à l’origine, que ceux du projecteur.
Il anime en film direct, les insectes morts, les « [met] dans une sorte de vie par le biais
de la machine à cinéma » en exorcisme déclaré dans ses présentations.
Hector Rodriguez donne sous le même titre deux versions de son approche. Il expose
sur le nouvel écran, l’image que la machine crée/l’image calculée, le film originel.
Le film originel y est pris dans son intégralité y compris le titre manuscrit et la signature
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