Page 117 - Catalogue_Traverse Vidéo_2018
P. 117
Cinéma ABC Projections
ses quelque 3 minutes 21 les pleurs de l’artiste mais non sa mimique de douleur et de
peine et sans donner le moindre indice de la cause de son comportement.
Too Sad To répond au tribute to le cinéma lettriste, en écho dans les diverses
séances, lui aussi plus près de Lemaître que de Debord, avec la couleur, comme
Esthautomatisme sonore de Clément Béraud avec les clignotements de lumière
ailleurs… il garde aussi trace de la lignée des films performatifs, un autre chemin de
l’expérimental.
Simone Dompeyre
Cinéma ABC
Brian Ratigan, Collapsing
58s | États-Unis
De courtes phrases empruntent le type de
frappe des machines à écrire contemporaines
et l’apportent au duo de danseuses aquatiques
qui, en apnée gracieuse ou soufflant dans le tube
à respirer pour en produire des bulles, folâtrent.
Les gerbes d’eau qu’elles produisent entraînent
des nuances dans la « bleuité » de cet océan
où se croisent de gros poissons… La musique planante, sans exaltation cependant,
porte un discours étrange en cette atmosphère puisqu’il débute par « je reviens sur la
terre et me mets à courir car le monde s’effondre ». Collapsing s’avère un contrepoint,
aussi envoûtant qu’il est bref, car ce dit « Non-film » – selon le nom de la société de
production – annonce la fin des temps : « the word is collapsing/le monde s’effondre »
sur ces plans footage 8 mm de naïades heureuses qui dévient le sens des paroles
de Daniel DeVaughn et du titre et l’on préfère en retenir « certains regardent le sol et
d’autres regardent le ciel » alors que nous sans fin pouvons regarder ce « cadavre
exquis ».
Simone Dompeyre
117