Page 252 - Catalogue-livre_Rencontres Traverse 2019_L'Expérimental-recherche-art
P. 252

Installations  Quai des Savoirs

glamour avec lumière et ombre très calculées, visage penché vers un ailleurs, pour
enfant, jeune femme ou jeune homme ; plus rarement le geste « naturel » le bébé
mains dans la bouche, jeune femme à la cigarette plus ou moins consumée, les
enfants lors d’un anniversaire cossu ou plus familial induisent deux types d’images.
Cependant la spontanéité est souvent jouée, on sait que l’on est photographiée et
non seulement lors de la photo de communiante mains jointes sur la chaise à prier
mais aussi dans le contre-jour, appuyée à la fenêtre ou plus encore filmant avec
un Super 8. Cette spontanéité est plus vécue au tournant des années 1960, pour
des images entre soi, groupe pêle-mêle  : hommes cheveux longs et sur les yeux,
jeunes femmes sur leurs genoux ou en pantalons très étroits et table surchargée de
bouteilles ou les mêmes devant une tente, le cheval près d’un van, feu de camp.

                                              Elle l’est lorsque Chantal DuPont est celle
                                              qui y sourit  ; seule ou avec ses amis ou
                                              ceux-là devant la mer, elle y rayonne…
                                              Un corpus se détache qui implique dans ses
                                              images sociales, le nu. Cependant le corps y
                                              exulte moins qu’il ne répond à un dessein de
                                              photographie artistique. Un couple s’étreint
                                              dans le contre-jour en deux variantes de
                                              lumière et de pose. La jeune femme, appuyée
sur une colonne s’enveloppe/se découvre à demi d’un châle, lui lit, nu ou se penche
au premier plan, le cadrage arrêtant à chaque fois à hauteur du pubis ou bien le
flou répond à la décence. Les mêmes dans un sourire partagé se reconnaissent plus
âgés, seuls les pieds sont nus sur les escaliers de bois de la maison.
En clausule, un simple « À la mémoire des disparus » qui atteste du projet mémoriel
de l’artiste prend un poids non désiré car désormais, les photographies enchâssées
de Chantal sont la trace, la marque de son être-là inscrit en sourire épanoui, dans
les dernières minutes de cette collection-déambulation visuelle. Elle nous a offert la
dernière exposition de sa vie, dans la forme de ce film exposé en diptyque dupliquant
la force de son rapport aux autres et à l’image.
Elle s’est donnée à l’image, elle s’est donnée à la vidéo et autres médiums iconiques
toujours près de l’humain. Elle était femme vive, elle reste artiste vive dans ce
Portrait – en creux d’elle – … au-delà du temps.

                                                                   Simone Dompeyre

252
   247   248   249   250   251   252   253   254   255   256   257