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Quai des Savoirs Installations
prises par un professionnel mais plus fréquemment celles de ses amis, de chez elle
ou d’ailleurs, sans folklore mais avec des points de ressemblance : de France : La
Rochelle, Paris et Toulouse même pour le studio Merlin ; d’Espagne : Barcelone ;
d’Amérique : Ottawa, Alabama et de son pays Montréal et Deloeil.
Le temps fait des sauts mais hormis une image exotique d’une femme en voile, c’est
le portrait de la famille blanche, aisée, catholique, avec enfants. Une seule image
multiraciale avec des Asiatiques lors d’un voyage ; on reste entre soi.
S’y succèdent enfants sans grande réaction près de leur jouet – variant selon
l’époque guerrière ou pas – rêveur voire triste quand le photographe appelle son
regard vers le haut, tenant son visage de biais suivant une autre demande ; les
personnes âgées seules sont plus rares mais leur expression, la direction du regard
et le rapprochement du plan se font l’écho de celle des enfants, souriant davantage
au fur et à mesure de l’avancée vers notre période.
Adolescent en costume comme en période d’initiation au sociétal, soldats avec
divers uniformes et coiffures, jeunes hommes seuls ou en groupes moins guindés
et jeunes filles de même ; famille avec deux enfants, père droit assis en son fauteuil
d’osier près de sa fillette juchée sur une table de même matériau, grande famille
réunie dans un salon ou lors d’un mariage ou jusqu’à la quarantaine de parents
nécessitant trois niveaux pour son rassemblement avec une variation des mimiques
d’implication ou d’imposition d’être là. La mère à l’enfant joue contre joue doit
attendre les années 1960.
Parfois l’on se rassemble dans le non-ordre
estival sur les escaliers, sur un transat près
du jardinier arrosant, parfois la composition
se distingue, ainsi telle famille dans un jardin
en symétrie autour du pivot des parents, les
enfants assis de part et d’autre.
On fait sa première communion, la
communion solennelle avec des degrés dans
l’officialité de la photo mais toujours avec la
séparation garçons et filles, soit le prêtre en soutane assis parmi eux soit l’évêque
avec mitre et crosse préside le groupe et la photographie de groupe, parents en
profondeur du champ.
On va à l’école en uniforme. On sort entre garçons, on va – les jeunes filles – au bal
accompagnées par la mère, la seule à couvrir ses épaules. On écoute les histoires de
l’album lues par la grand-mère…
Cependant, les différences viennent moins des vêtements et des coiffures pourtant
indiciels de l’époque que des modes photographiques ; une série décline le portrait
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