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Chapelle des Carmélites      Installations

                            séparation marquée d’avec les autres, ce qui fait trace de l’un vers l’autre. Les
                            composants de chacun ne s’ajoutent pas pour un panorama ni une méga-scène
                            mais plutôt pour une méta-scène.
                            Les figures se raccordent au niveau du principe, de la structure. Le regard est happé
                            par chacun des pôles. Il n’y a pas un récit premier à inscrire, c’est l’organisation
                            dans cet espace qui est fondement. Des échos se font, non de discours mais de
                            nature iconique ; celui de la défiguration des éléments touche chaque « tableau »
                            et ce jusqu’au pixel en bleu/noir affichant sa « picturalité » paradoxale. La scène
                            supérieure de nettoyage du corps métonymique brouille ce propos-là pour des
                            vagues type taches d’encre ; d’emblée ce sans-figure devance le pan du danseur-
                            mécène, dans chacun des pans, y compris le corps du danseur central, se brouillent
                            les éléments. L’image s’abstrait, reste la rémanence du/des corps vus. Le souvenir
                            immédiat, les connotations.

                            Cela signe aussi le fonds numérique de cette œuvre qui rassemble des siècles
                            d’invention de l’image, qui rappelle qu’elle a été/est le produit d’un calcul sous-
                            jacent, de la pensée agissante des artistes et de l’activité de l’œil des regardeurs.
                            Cependant, alors que l’alternance allumés-éteints des écrans sans logique exhibée,
                            entraîne ce regard vers chacun des cadres, l’hypnotisant souvent, ou lui fait attendre
                            que l’image soit, l’œuvre ouvre un débord, un paradoxal hors-cadre.

crédit photo : Anne Murray  Le retable originel surmontait l’autel au risque de cacher les vitraux, celui-ci, sous
                            une lumière orientée, s’adjoint un autel du même métal brillant, cependant plus en
                            écho en son matériau et ses pieds à la table d’atelier qu’à la table sacrée.

                            du danseur sur la tablette.  Cela est confirmé par son appareillage.
                                                         La table est flanquée de trois spots
                                                         posés à même trois petits tapis
                                                         industriels, équipés de capteurs,
                                                         formant un triangle inverse au retable ;
                                                         ils s’allument alternativement afin de
                                                         guider les déplacements du spectateur.
                                                         Une tablette y est connectée mais
                                                         suffisamment mobile pour qu’il puisse la
                                                         déplacer et l’orienter quand il atteint le
                                                         tapis d’interactivité désigné provoquant
                                                         une apparition à chaque fois différente

                            Le temps n’est pas à la prière d’une divinité. Il convoque le corps virtuel proche et

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