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Installations  Musée des Abattoirs

crédit photo : Kaëlis Robert  Musée des Abattoirs – FRAC Occitanie

                              Michaël Jourdet, J’ai ensuite pensé que l’idée ne suffisait pas

                              installation vidéo | France
                                                                         L’idée de l’art et l’art sont la même chose.
                                                                                                          Kosuth

                                                                              Pour apprécier pleinement J’ai ensuite
                                                                              pensé que l’idée ne suffisait pas, partir de
                                                                              Nauman  : « En art, il y a une tendance
                                                                              qui consiste à toujours en rajouter, de
                                                                              façon à ce qu’on puisse reconnaître que
                                                                              l’on est bien confronté à de l’art alors qu’il
                                                                              suffit d’exposer le travail tel quel. Exposer
                                                                              une idée de la manière la plus directe me
                                                                              semble une des choses les plus difficiles qui
                                                                              soient. »
                                                                              Et citer Nauman et se rêver émule de
                              Kosuth poussent à écrire en précisant qu’on ne prétend pas ajouter une version
                              commentée de l’œuvre que l’on ajouterait à la photo de la toile sur tel fragment
                              arrêté, en nouvelle version de One and Three Chairs – Kosuth, 1965 – qui jouxte à une
                              chaise d’usage courant, sa photographie et sa définition.
                              Seraient-ce, cependant, audace et/ou inutilité puisque l’on se souvient précisément
                              qu’à la demande de précision sur son travail, lors du vernissage de l’exposition,
                              Michaël Jourdet a renvoyé au travail lui-même, au discours qu’il y inscrit et plus
                              encore, parce que ce texte, chemin faisant, stigmatise « le trop d’informations »
                              de critiques qui « outrepassent l’offre de l’œuvre ». Pourtant on voudrait effacer
                              de telles craintes parce qu’écrire non sur mais à côté de J’ai ensuite pensé que l’idée ne
                              suffisait pas naît du dessein de transmettre le plaisir provoqué par son intelligence en
                              acte, de provoquer le désir d’aller y voir par soi-même.
                              Décrire l’œuvre est redondant pour qui la découvre puisqu’elle s’auto-décrit en
                              incipit. Sur la toile blanche – écran du texte qui se déroule, au bas comme le ferait
                              un sous-titrage et qui débute par la description de la toile blanche et… du texte lui-
                              même. Cependant, même en ce cas le « in situ » porte et comme le mur du lieu est
                              blanc, un léger dépassement de la projection recadre la toile cependant numérotée.
                              Cela ne s’écrit pas sur le mur, cela réclame la toile picturale : le monochrome qui

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