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Cinémathèque de Toulouse  Projections

le Malin, un des noms du diable. Le plan fixe souvent s’anime de la superposition
à deux, trois figures du même homme – sorcier levant les bras et l’outil/croix en
incantation au ciel. Homme entr’aperçu dans l’afiguration  ; alentour les formes
de la campagne glissent au surréel. Il change séquentiellement, le transport n’est
pas vulgaire, habituel. La figure entr’aperçue, blanche comme esprit, en plan taille
vibre, se diluant dans son être-là ; la silhouette masculine hante le lieu plus vaste,
sans plus de précision.
Le feu résout toutes les attentes, sans lieu comme tombé du ciel, en bûcher de
préparation d’humain, il incendie longuement le plan, bougeant selon le mouvement
des flammes jusqu’à l’acmé avant le flicker en noir et blanc de retour à l’impossibilité
de discerner, de retour à la quête. Quand, en épilogue, le générique énumère
des photographies contemporaines dédiées à la poétesse Rosalía de Castro. Elles
donnent corps aux paysans-paysannes, posant, en groupe ou seuls, assis sur la paille
ou en gestes arrêtés avec leurs outils. Eux pour lesquels, les forces naturelles étaient
les traces des démons, d’esprits intermédiaires, ni bons ni mauvais, mais esprits des
éléments, des montagnes, des sources, des génies domestiques. Ainsi ces hommes et
femmes vouaient craintes et fascination à ces fureurs du ciel, redoutant les zébrures
de lumière que nous aimons voir zébrer le champ de nos visions en film.

                                                                   Simone Dompeyre

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