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isdaT Projections

Muriel Montini, Dame de cœur

8min10 | France

                                      Frère et sœur, leur proxémie sans question, leur
                                      comportement ensemble et détaché, le même type
                                      de vêtement tout autant que leur ressemblance le
                                      disent. Ensemble et éloignés, près de la rivière aux
                                      oiseaux, ils ne seraient qu’une photographie de
                                      famille si le ralenti n’ouvrait une béance au temps
                                      et ne faisait d’un simple geste une action à regarder
                                      pleinement.
                                      Pleinement puisqu’en contre-point, Suzanne de
                                      Cohen chantée en italien l’entraîne dans la question
de l’amour, teintée de tristesse. Très loin du clip, la bande-image ne nourrit pas les
paroles, pas de marins ni de Suzanne et celles-là ne se disent pas toutes, scandées
par des silences. Ainsi le garçon – l’aîné – en blouson bleu imperméable tient sa
valisette de couleurs et se tourne. Ainsi la cadette en rose tient son mouton en
peluche blanc immaculé et passe doucement un pissenlit sur sa joue. Lui ne tient
pas longtemps le regard en effet de hors-cadre, elle ouvre plus grands les yeux, plus
en attente et le posé du pissenlit témoignerait de son interrogation, avant de quitter
le champ, chacun du côté opposé. Cependant les fragments de la chanson en off
les réunit en un avenir les vouant à l’amour : « ci sono bambini nel mattino/ si sporgono
in cerca di amore et si sporgeranno cosi per sempre/Il y a des enfants dans le matin ; ils
s’inclinent par amour et s’inclineront ainsi toujours. »
Il suffisait de percevoir combien une image calme peut secréter de sens à venir
quand un regard et un air insufflent une autre temporalité.

                                                                   Simone Dompeyre

Claudia Hébert, Roadmap

3min | Canada

                         Plaisir du fait main, de la caméra bolex, des
                         tournés-effets, de la proximité corps/machine,
                         de la proximité film/main… sous l’égide des
                         découvertes d’Alice de Lewis Carroll dont
                         Claudia Hébert cite la question de la route et
                         la réponse non « dirigée » du Chat :
                         « —  Pourriez-vous, s’il vous plaît, me dire de
                         quel côté je dois me diriger ?
                         —  Cela dépend beaucoup de l’endroit où tu
                         veux aller. »

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