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Rachel Echenberg, Comment expliquer l’art performance à ma fille adolescente

6min | Canada, Vidéographe

Comment expliquer l’art performance à ma
fille adolescente s’éloigne autant du film
pédagogique que Beuys, le grand ancêtre
auquel elle fait référence, s’éloignait du
bestiaire consacré. Ce faisant, elle entre
dans la question de la transmission d’une
performance, dans la lutte contre l’oubli de
telle forme artistique du corps éprouvant.
En deux degrés, dans l’énonciation de cette
forme filmée performative, dans l’écho
d’une performance de Beuys qui avait, par
ailleurs, été « réactuée » par Abramović.
L’énonciation film adopte le sans paroles dites, ce n’est pas d’explication professorale
ni de critique dont il s’agit, Rachel Echenberg a recours à des cartons mémoriels.
Entre le plan rapproché poitrine et le plan taille, un plan fixe enserre deux personnes
de profil, la mère et la fille annoncées, aux traits se ressemblant jusqu’aux sourcils
fournis, ce qu’accentuent les cheveux tirés en arrière, retenus pour l’une en petite
queue de cheval et pour l’autre en ce petit chignon de danseuse, et la simplicité du
tee-shirt blanc à manches longues ou courtes.
Après avoir enduit leurs mains de miel coulant depuis son pot, elles en couvrent leur
visage, leur chevelure… puis pose, chacune sur le visage de l’autre ainsi préparé, de
petites et légères feuilles d’or comme celles achetées dans les boutiques d’art et de
décoration. Cela avec les doigts ou roulant le manche d’un petit pinceau voire en
soufflant, recueillant la bribe déchirée ou envolée avant de s’arrêter se regardant.
Quoique filmée, la connotation de l’action se faisant s’impose, l’action est, ainsi
que la paradoxale intimité entre les deux personnes, comme si elles agissaient là,
l’une l’autre ; cela suit sa démarche incluant dans la pratique artistique de Rachel
Echenberg sa famille immédiate avec la fragilité du geste et de l’acte éphémère et la
force des rapports affectifs.
La transmission de l’implication performative se fait se faisant ; la performance
extraordinaire se fonde sur des gestes ordinaires, dans la confiance et l’amour que
le léger sourire et la reprise du geste par l’adolescente attestent.
Cependant, elle le fait pour que l’autre – celui du hors-cadre – la voit, elle ouvre
l’espace, elle ne joue pas un rôle dans un film. Elle fait signe vers l’histoire de la

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