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Projections  Cinéma Le Cratère

cNeonésuGrerenier, Gilles Ribero et Gwendal Sartre, Éclipse – une esthétique de la

16min26 | Belgique, Catharsis Projection

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                                             que la lumière et qui, pourtant, ont cet impact
                                             physique immédiat  ; car pour le regardeur,
                                             il y a passage d’un corps sur un autre,
                                             le premier masquant la chair du second.
                                             D’un point de vue strictement visuel, il y a
                                             même collision entre deux corps étrangers,
                                             d’où jaillit un éclat noir, comme étouffé, qui
                                             se répand imperceptiblement sur les choses,
et bouleverse des repères jusqu’ici familiers. L’éclipse reconfigure un rapport au
monde, jusque dans ses respirations. Elle oblitère un corps trop brillant pour être
soutenu du regard et invite à s’y confronter, l’espace de quelques instants.
C’est en se nourrissant d’une somme de documentation tout autant visuelle que
textuelle, empruntée au chercheur et archiviste Laurent Garreau et liée au cinéma
français des années 1960 et 1970, que le film tisse sa toile. Celle d’un espace mental
où censeur, images coupées et lettres officielles de fonctionnaires d’État dialoguent
librement, dans une tentative de donner à ce legs et à ces pratiques une prolongation
poétique, ainsi qu’une réévaluation de leur portée morale et artistique.
Il est à voir comme un essai libre sur les gestes, les formes et les histoires que charrie
la censure au cinéma.

                                                                   Gilles Ribero

Marcos Sánchez, The Unnatural

5min22 | Chili

                                             The Unnatural évoque le danger, la fantaisie
                                             mais aussi la tendresse. Cet ensemble
                                             paradoxal n’a pas pour réel objectif de suivre
                                             un fil narratif, puisqu’il préfère envelopper
                                             dans une atmosphère suggestive, ne
                                             répondant qu’à ses propres règles.
                                             Parce que sans couleurs, le premier plan
                                             comme l’arrière-plan forme un espace
                                             ambigu, alors que des êtres – dont une jeune
fille – se meuvent au cœur d’une forêt sombre dont les éléments ne s’entr’aperçoivent
que par ombres et silhouettes confuses.

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