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Cinéma Le Cratère                                         Projections

L’interrelation est totale : la formation de soi se nourrit du réel vécu par la famille
et des films vus. La mémoire ne fait pas de distinction entre ce que l’on a soi-même
vécu et ce que l’on a vécu par films interposés dans le silence du désir caché et alors
tabou.
La Mesa dénomme ainsi un plateau cinématographique où l’orage tonne suivi sans
mal par le soleil ; au-delà de l’approche picturale du matériau qui, par superposition,
réunit les temps passés du réel et du film, qui, par solarisation, inversion, rappelle
la nature image du filmique, qui, par flicker, en inscrit la donnée temporelle au-
delà du temps social, La Mesa compose une splendide leçon de cinéma loin de tout
didactisme puisque c’est le film qui induit cette réflexion sans avoir à l’expliciter.
Leçon qui balaie les notions d’afilmique et de profilmique, dans cette approche
particulière du footage.
En effet, si l’on se souvient que l’afilmique concerne la réalité telle qu’elle
existe indépendamment du cinéma et que le profilmique renvoie, lui, à tout ce
qui a été placé devant la caméra ou tout ce devant quoi on l’a placée à des fins
d’enregistrement, l’appropriation les emmêle indissociablement dans les espaces
récrits de cette histoire personnelle en film. Rohmer dans L’Organisation de l’Espace
dans le Faust de Murnau, distingue, en 1977, l’espace filmique des espaces, pictural
et architectural en ce sens qu’il ne se cantonne pas à l’espace filmé mais s’ouvre à
« un espace virtuel reconstitué dans son (du spectateur) esprit, à l’aide des éléments
fragmentaires que le film lui fournit. »
La Mesa suit ce travail d’interrelation amoureux.

                                                                   Simone Dompeyre

José Crúzio et Isabel Pérez del Pulgar, [SELF]INSERTIONS

3min | Portugal

place du soi au sein des relations collectives.  Dans [SELF]INSERTIONS,
                                                 José Crúzio et Isabel Pérez del
                                                 Pulgar s’attaquent aux points
                                                 de vue différents et ambivalents
                                                 de l’identité  – en tant que
                                                 valeurs esthétiques, sociales et
                                                 idéologiques – et interrogent la

Au-delà d’une classique interaction, sons et images – travaillées en footage, notamment
par l’usage de la pellicule comme icone  – sont traversés  ; leur substance même
s’en trouve modifiée, transformée et elle aboutit à la représentation audible d’un

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