Eaux d’artifice, 2022, 4 min 05, Film (FR) : « A l’origine de ce projet, il y a une pépite du cinéma expérimental signée en 1953 par Kenneth Anger – Eaux d’artifice – qui m’a fait revenir aux sources de mes premiers émois cinématographiques. J’ai emprunté le titre de cette œuvre et je suis parti explorer les différentes acceptions de cette mystérieuse formule pour composer cette nouvelle vidéo.
Eaux d’artifice forment ici un oxymore, une hésitation entre le naturel et le spectaculaire fabriqué. Derrière des atours de féérie désuète, Kenneth Anger convoquait une dimension alchimique : cette ode baroque à l’élément aquatique pouvait s’apparenter à un principe de purification et de régénération.
C’est en filmant cascades et grottes dans les montagnes sauvages de Haute-Provence que mon projet s’est concrétisé, après avoir pratiqué méditations et bains dans ces lieux sauvages.
Un peu plus tard, dans les jardins du Château de Versailles, je me suis arrêté sur le bassin d’Apollon, ensemble sculptural en plomb doré représentant Apollon sur son char – le dieu jaillissant de l’onde – s’apprêtant à effectuer sa course quotidienne au-dessus de la terre.
Sur la musique d’hiver Les Quatre saisons de Vivaldi, j’ai déambulé autour de ces eaux festives, les eaux jaillissantes des fontaines, offrant toute une théâtralisation de jeux aquatiques. J’ai filmé en plans serrés au ralenti quelques fragments des sculptures du bassin d’Apollon et des bas-reliefs du bassin des nymphes de Diane.
Eaux d’artifice se développe autour d’un danseur qui joue « à cache-cache » avec les fontaines diurnes jaillissantes, les eaux nocturnes « cascadantes » d’un labyrinthe de rochers, grottes et chutes d’eau. Mon film est essentiellement le développement musical de ce « cache-cache » et culmine avec la silhouette du danseur qui ne forme plus qu’un avec l’eau. Le film se termine sous une chute d’eau « artificielle » qui absorbe pierres et rochers ; le corps du danseur « jaillit de l’onde dorée » suggérant qu’il a trouvé la lumière… »