Vidéo | 30:05 | France Venir voir cette oeuvre
Salomé est une proposition stéréoscopique de la pièce éponyme d’Oscar Wilde, qui décline l’épisode biblique dans lequel la belle-fille du tétrarque de Galilée demande à ce qu’on lui présente sur un plateau d’argent la tête de Jean le Baptiste – Iokanaan – en récompense de sa danse. L’essai filmique se fonde sur un principe simple : devant un fond peint en deux dimensions placer des corps bien réels. L’envie de capter les jeux s’opérant entre une image que l’on sait plate mais évoquant trois dimensions, et la chair dont le surplus de réalisme tend le plus souvent, par un effet inverse, à déréaliser les êtres.
Cette idée suit de près l’ambiguïté de l’histoire, et en particulier celle de Salomé, dont on ne parvient à démêler les desseins des désirs. Ainsi y a-t-il entre son corps et celui de Iokanaan, réceptacles d’affects violents, et la charge symbolique et morale du cadre dans lequel ils s’inscrivent -le texte religieux- et dont ils n’ont que faire, une véritable scission. Le texte de Wilde lui ajoute une étrangeté nouvelle : le sublime et le grotesque s’y mêlent sans transition.
Pour cela fut réalisé un panneau peint, figurant une structure architecturale en deux temps -une galerie et une pièce-, aux points de fuite distincts, instaurant un peu de la bizarrerie des images médiévales. Celui-ci fut placé dans un paysage, et soumis aux variations naturelles de la lumière, jusqu’à disparaître dans la nuit.
Mais ce qui est ici mis en perspective n’est pas les faits, mais seulement la réalité d’un corps, d’une parole, dans un décor qui se refuse à les intégrer.