Film | 0:10:00 | France | 2023
UNE HISTOIRE DE MÉMOIRE
« L’invention et la disparition (…) de ce qu’on a appelé le cinéma, qui a été remplacé par d’autres moyens, est venu pour ça, pour rappeler aux hommes qu’il y avait une mémoire, qu’ils avaient de la mémoire, que le mot mémoire, quand il est dit en grec veut dire Histoire »
JL Godard
UNE HISTOIRE DE MÉMOIRE s’opère en trois tableaux successifs, dans un projet dévoué à la concomitance entre les débuts du cinéma et la ville de Vincennes.
Cette petite ville proche de Paris est certes habitée par l’Histoire avec son château des plus connus mais elle est aussi, ce que l’on néglige le plus souvent, le berceau de la première industrie cinématographique mondiale, Pathé Frères.
Avec la collaboration de deux artistes vincennois, Monique Bergonhe et Damien Valero et celle du chercheur Denis Dupont, et reconnaissant son recensement des extérieurs filmés dans les années 1900, un parcours déroule une revisitation spatio-temporelle.
Retourner les plans originels, comme on retourne aux fondamentaux. Se glisser dans le sillon des pionniers, dans les axes et tailles d’une grammaire en construction.
De cette mémoire filmique qui fait l’Histoire, une déambulation intuitive se nourrit de la déambulation de la dame en rouge, jouée par Monique Bergonhe, avec sa voix et son écriture. Entre analogies et consonances, elle traverse, en témoin distant et transitoire, les tableaux et les plans. Elle figure un point de vue qui se joue des temporalités par des fusions, des collages, des superpositions, des apparitions fantomatiques. De Vincennes, les plus vieux films du passé persistent en argentique – certes, numérisés-, mais d’autres, analogiques – eux aussi numérisés- ont aussi écrit l’Histoire. Celle de l’Université éphémère qui habita le bois du même nom et dont il ne reste qu’une clairière parsemée d’arbres.
De ces murs disparus subsistent la voix et l’image de Deleuze qui, hypothèse, y voit « le mur blanc du rêve », écho de l’écran blanc de Godard et de l’état de dormeur éveillé de Bachelard.
Les points de vue sont énoncés, les fils d’Ariane tirés.
Ce parcours en trois séquences – exploration, réflexion, transformation – se fonde sur des friches et vestiges audiovisuels composites, qui jalonnent l’histoire et la ville au gré des supports et des idées. Les strates temporelles se superposent et se confrontent, ferment d’un prolongement d’une histoire à Vincennes à venir. En voici le premier volet.