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Darla MURPHY
Landscape Fabric, Toulouse / États-Unis
Une ( non - ) action performée devient image déroulée dans le temps, grâce au film. Si elle ouvre un
questionnement du paysage « sauvage » par une présence étrangère en tant que vidéo, elle confronte la durée de
l’expérience humaine à la durée « géologique » et ce d’autant qu’elle se lance en boucle, dans cette entrée entre
deux colonnes, happant qui passe par sa visibilité du pas-visible. « Je voulais qu’une présence “non-présente” pèse
dans l’image, à travers son immobilité et sa non-visibilité, comme une énigme éternelle dans ce paysage en boucle,
expose l’artiste, qui commente aussi son titre. Landscape Fabric, littéralement “ fabrique de paysage ” ou “ tissu de
paysage ” en français, emprunte le nom anglais d’une toile anti - mauvaises herbes.». Ce type de matériel à usage
des paysagistes empêche la poussée des plantes non-désirées, or il s‘éloigne fort de cet usage protecteur, puisqu’il
couvre « le figurant » ainsi qu’une étroite tente conique à dimension humaine. Il cache la présence humaine et la
fait partie intégrante du paysage. Le corps est paysage; peu mouvant, il n’oscille pas plus que des plantes le font en
un plan demi - ensemble où il se dresse devant une grande profondeur du champ, s’incluant totalement.
Darla compose en prenant une juste distance avec des habitudes sociales d’atteindre la nature. Elle
énumère les verbes le plus souvent reliés aux activités dans la nature : on y randonne, on l’explorer, on y recherche,
on l’étudie et on l’admire; ainsi des justifications accompagnent-elles ce qui devrait rester expérience avec la nature,
au sens d’y être. ( point ). Elle analyse ces détournements par des « enjeux de nos vies ( qui )ne se trouvent plus “sur
la montagne” ou “dans la forêt ” et qui, donc recherchent une motivation avouable, une raison d’y aller.
Son installation invite à une autre façon d’être au monde et précisément dans le hors - ville. Elle prône
le non - faire, le rester - là, le vide - plein. Plus, elle pense la non - activité, l’immobilité comme une sorte de neutra-
lité. Sa tranquillité au monde l’entraîne au paradoxe dont elle recherche « l’anti-narration » puisque la réitération du
non-geste, cette station debout, ce léger voile vibrant en sont de potentielles sources.
INSTITUT SUPÉRIEUR DES ARTS DE TOULOUSE 21/06/2015 19:49:12
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