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Barbara NOIRET
Alice
Alice
« Une silhouette indécise suit une trajectoire connue d’elle seule dans les salles en ruine d’un château désaffecté.
La succession de ses entrées, traversées, sorties, en des scènes ni tout à fait identiques, ni tout à fait différentes,
entraîne le témoin dans une marotte d’enfant hypnotique, inquiétante, qui louche vers le jeu vidéo sans tout à fait en
épouser les conventions. Aucun objet n’est donné à cette quête inlassable et cyclique, aucun prétexte, parce que le
franchissement répété des obstacles suffit à constituer l’aventure.
C’est à dire
« Le temps de chaque séquence, il arrive quelque chose aux choses que représentent ces images pourtant presque
fixes. Il arrive quelqu’un qui déplace, dérange ou modifie un point précis du cadre, pour faire un usage précis des
lieux – exploration fastidieuse ou simple passer-par-là. Dans le cas précis de ces narrations minimales, la vidéo est
une photographie qui dure longtemps. » Eléonore ESPARGILIÈRE
Construire de la poussière
« La vidéo construire de la poussière présente l’aspect performatif du travail de l’artiste, réalisée dans le château de
Kerguéhennec. Barbara Noiret balaie en quelques minutes une pièce où la poussière s’est accumulée depuis près
d’un siècle. La poussière chargée d’histoire se soulève progressivement formant un nuage qui envahit peu à peu le
corps de l’artiste. Lorsque le sol est déblayé, Barbara commence un tri parmi les débris amassés. Des morceaux de
placards, de planches, de cheminées sont peu à peu dégagés. Le plus grand morceau sert bientôt d’étalon, de mo-
dule, à la réalisation d’une “maquette” au centre de la pièce. Cette représentation de la chambre est « ce que le lieu
m’a donné » précise-t-elle. Travail de révélation, construction d’un espace avec du Temps, manifestation en positif de
ce que le lieu réservait en négatif à l’abri des regards. L’œuvre ne fait appel à aucun élément extérieur, la structure
s’articule d’elle-même, sans avoir recours à un quelconque moyen de fixation. Fragilité de la construction dont seule
la photographie peut désormais témoigner. A l’image du travail de l’artiste, à la frontière entre le présent et l’advenu. »
Gaël CHARBAU
GALERIE CONCHA DE NAZELLE
INSTALLATIONS 123
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