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Baptist PENETTICOBRA
Entertainment Capital of the World
Lors d’un séjour aux États-Unis, dans une famille typiquement américaine, Baptist Penetticobra est
confronté à une atmosphère qu’il reconnaît, sans pourtant l’avoir vécue. Les États-Unis, une famille américaine et
Thanksgiving, trio indissociable pour nous, lié à une image de ce pays, cependant, plus ou moins proche de la réalité.
Image, cependant assez forte, d’une culture qui, par sa diffusion massive et internationale, conditionne notre manière
de l’imaginer ou de la fantasmer. C’est dans cette constante confusion entre réalité et fantasme que se construit le
travail de Baptist Penetticobra, installation en triptyque vidéo Entertainment capital of the world.
Influencés par la télévision et ses séries et les films trop souvent blockbusters, nous ne réagissons plus
comme des spectateurs d’un mode de vie, de traditions typiques d’un pays, mais à notre insu, comme des adeptes
d’un lieu dans lequel nous ne sommes parfois jamais allés. Une image se crée alors, construite par la fiction ; elle
imprègne pourtant la vision que l’on a de la réalité.
Lorsque Baptist Penetticobra participe comme invité ( spectateur du réel ) à la vie de cette famille améri-
caine, il se retrouve à l’intérieur d’une fiction, ou à l’intérieur de la réalité fantasmée créée par Hollywood. Il y éprouve
un renversement du faux / réel; la vie américaine s’avère la copie de ce qu’il a vu sur les écrans et non l’inverse.
L’installation forme une immersion, projetée sur trois murs d’une pièce fermée; en pénétrant dans
l’installation, on s’immerge dans cette image d’une vie / fiction. Les trois pans alternent, se complètent ou se font
contraste, ce qui contraint à tourner la tête parfois rapidement, à se déplacer, à se retourner dans l’espoir de saisir
la logique des discours dits. Le spectateur se trouve dans une situation d’immersion - recul, comme l’artiste lors de
son voyage.
C’est de retour en France, que Baptist Penetticobra a tourné en studio avec des acteurs, les scènes
vécues lors de son séjour, non en les reproduisant à l’identique, mais en révélant, voire en grossissant la part de fan-
tasme qui s’était glissée dans sa vie américaine. Il n’a pas filmé son véritable séjour dans la vraie famille, mais a veillé
à recréer situations, ambiances et à réveiller des sensations expérimentées lors de son voyage, sans, cependant,
jamais cacher qu’il « reconstitue » : en effet la caméra est visible plusieurs fois dans le champ.
ESPACE CROIX-BARAGNON 125
INSTALLATIONS
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