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VIDÉOS ET FILMS D’ICI ET D’AILLEURS

La salle est à présent éclaboussée d’une eau brûlante venue des profondeurs du récif-refuge. Sur les visages

naufragés, la fatigue est immense. Les corps sont douloureux. Les strappings s’arrachent, opération fulgurante en

opposition avec la minutie presque maniaque avec laquelle, tout à l’heure, on les avait vus s’enrouler autour des

genoux, des chevilles, des coudes. Aujourd’hui le retour à terre semble difficile. L’île-providence des vestiaires

ressemble en effet aux récifs qui ferment la plage, qui en défendent l’accès. Vivement lundi ! Le décrassage, c’est

pour plus tard. La reprise de l’entraînement. Des corps tout neufs. Ou presque. En attendant, les vestiaires sont à

nouveau un lieu vide, silencieux. La pluie peut tambouriner sur les tôles des tribunes. Ici on n’entend plus qu’un bruit,

toujours le même : clic-clac, clic-clac… Pas même un chien pour nous persuader qu’il y a un dehors. Qu’il y a une

pelouse, le H des buts, un vieux joug pour travailler la poussée, les petits plots prêts pour l’entraînement du mardi.

Les hommes…                              Jean-Claude THIRIET

                          Henry GWIAZDA,
                          claudia and paul, 4min 18, USA

                                         claudia et paul est la première œuvre d’art numérique à avoir

                          été acquise par le Plains Art Museum. Elle est une expérience pour découvrir

                          quel événement artistique se produirait si nous pouvions voir toute l’activité

                          autour de nous dans le prochain couple de minutes juxtaposée. Nos actions

                          y apparaîtraient-elle plus significatives ? Une chorégraphie en émergerait ?

                          Le mouvement autour de nous serait-il mieux observé en poussant notre mé-

moire dans le passé et l’avenir simultanément ? Ces questions ont induit les quatre courtes scènes de claudia et

paul reprenant les deux mêmes personnages éponymes agissant identiquement mais dans des lieux différents; une

minute à part, ailleurs, comme des copies, des clones. La dernière scène juxtapose les quatre répétitions exhibant

le clonage. En effet, mon travail appréhende la chorégraphie de la réalité, il recherche ​la façon dont tout se meut et

s’interconnecte en créant de la beauté.  Henry GWIAZDA

                                         Traduction : Simone Dompeyre

                                         Diana HAKOBYAN, Notre Histoire, 2min 25, ESAD Reims

                                                       Dès le début de Notre Histoire, une voix jeune en off relate des
                                         événements du début du XXème siècle subis par les Arméniens, son peuple
                                         d’origine. Le génocide des Arméniens et l’exil des survivants n’ont pourtant
                                         pas encore été reconnus par la Turquie, pays responsable de ces massacres
                                         et meurtres de 1915 à 1923. Le récit sonore est monté avec les plans filmés
                                         de son quartier. La réalisatrice énonce la fragilité de la coexistence entre les
                                         cultures différentes.

                                            Elle dit : « (...) En contrepoint de son récit se superposent des images ac-
                                         tuelles du quartier des Châtillons. En éveil de la réflexion sur la vigilance à
tenir en ce qui concerne le racisme et la barbarie susceptibles de surgir en tout lieu et à tout moment. »

Nathan HALVERSON, Border Landscape, 11min 42, USA

              Border Landscape Remix transforme des vidéos de caméra
- surveillance installées à la frontière USA - Mexique en matériau de pay-
sage - art. Ce travail observe l’entrelacement d’un espace national, virtuel
et physique en créant un environnement étrange fait d’images et de sons
topiques du western télévisuel ou cinématographique mais imprégné aussi
d’une impression de déconcertant au-delà du regard œil-omnivoyant et du
spectateur... Le paysage ne garde rien d’idyllique, il n’exalte pas une terre,
une flore, des reliefs, il est le lieu de passage ou de tentative de passage
d’immigrés qui risquent leur vie dans ce passage.. la vidéo refuse le réalisme et sidère d’autant par des plans de nuit
où ce qui prédomine, ce sont ces mouvements par lesquels des humains tentent.

28 C I N É M A E X P É R I M E N T A L - A R T V I D É O - M O N O B A N D E S

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