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VIDÉOS ET FILMS D’ICI ET D’AILLEURS
Vladislav KNEZEVIC, Binary Pitch, 6min 45, CRO
Dans la géométrie d’un plan fixe, les éléments de
l’espace et de l’architecture d’un auditorium deviennent le sujet
d’une expérience visuelle. La vidéo suit trois moments: activa-
tion (activer l’auditorium), codage (partie centrale), désactiva-
tion (désactiver l’auditorium).
Les notions clés de L’Esthétique et Programma-
tion de Max Bense, de 1968, sont codées en zéro et un par le
biais d’un processus d’animation qui lève et baisse les sièges.
Cette mystérieuse confession de la machine anticipe la réalité
virtuelle dans laquelle toute communication est retranscrite par des séquences de bits. L’auditorium composé de huit
rangs de seize chaises représente le champ d’articulation d’un code digital. L’architecture du hall représente l’envi-
ronnement institutionnel, l’espace physique et un lieu d’établissement d’une relation avec la perception de l’espace,
du temps et du film. La transformation dit sa durée, faisant oublier l’usage du lieu, le spectacle dit vivant, pour le
spectacle vidéo lié au numérique, pour une presque abstraction.
Stephan KÖPERL / Sylvia WINKLER,
Smart Songdo Song, 6min 17, ALL
Sondgo, en Corée, est le nom d’une ville gigan-
tesque gagnée sur la mer et construite uniquement par des
fonds privés. Hyperconnectée, elle a la capacité de collecter
et de traiter toutes sortes d’informations, cependant elle se
targue d’être conçue comme une ville durable, écologique
Pourtant Sylvia Winkler et Stephan Köperl en refusent la
bonne conscience et balaient ce qu’ils taxent de « mythe de la
croissance infinie et éternelle dont doutent tous les jardiniers ». Ils expriment leur refus des villes marchandisées qui
modèlent des citoyens modélisés dans un dernier opus activiste chanté. La song de Songdo.
Lui et elle, en manteau sombre, debout, cheveux balayés par le vent, se partagent la fonction : Stephan est
homme-orchestre sans autre instrument que son corps; il bat sa poitrine de son poing et souffle jusqu’à perte de sa
respiration car la cadence de ce que chante Sylvia est de rock, entraînante.
Droits, sur le fonds de ciel bleu grisé, avec en profondeur du champ, une de ses tours nouvelles d’acier et de verre,
qui refusent le strict parallélépipède, et qui rivalisent à celles qui sera la plus haute; d’abord les paroles décrivent
ces zones d’économie libérale… mais subrepticement, la caméra découvre l’espace plus près d’eux, embrassant en
arrière-plan, d’autres immeubles… et lorsque elle crie le conseil « appropriez-vous le sol », celui-ci est filmé, d’abord
d’herbes folles avant quelques rangées de plantes, celles qui ont poussé grâce à l’eau transportée par les jardiniers.
De lieu en lieu, de continent en continent, de film en film, Sylvia Winkler et Stephan Köperl prouvent
que l’on peut se liguer en vidéo contre les « promoteurs immobiliers planétaires » y compris quand ceux-là font mine
d’adopter les meilleures intentions du monde pour le sauvegarder.
Simone DOMPEYRE
Alyona LARIONOVA,
The changing mind of present, 8min 18, RUS/R.U.
The Changing Mind of Present / L’esprit changeant du pré-
sent invite à s’interroger sur la vision très premier degré que nous avons
des objets qui nous entourent. Quelle part gardons-nous de notre passé
et laquelle rejetons-nous; que collectons-nous et de quelle collection fai-
sons-nous partie ? La nature de notre relation aux objets est-elle amour
et obsession ou peur et animosité ? Le film se construit sur une structure qui mêle le footage d’objets d’une vaste
collection ethnographique et de techniques de conservation utilisées au Muséum d’histoire naturelle de Londres et
la pratique ancienne du funambulisme dans le village de Sesena en Espagne - qui a récemment fait faillite - les deux
se rapportant d’une certaine façon à des stratégies de protection humaine contre les idées d’inconnu et d’anonymat.
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