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VIDÉOS ET FILMS D’ICI ET D’AILLEURS

       Elles se préoccupent, en effet, tout autant du regard vers l’avenir que de l’engagement dans le passé. L’objet                33
    préservé est un objet transitionnel, non plus considéré comme une chose réelle - quoique concernant la réalité. De
    même, l’une des origines du funambulisme vient du désir de connecter deux points géographiques distincts afin
    d’éviter les longues distances, en dépit des dangers sous-jacents d’une telle avancée : chaque pas porte en lui le
    danger de la chute; à chaque contact, l’objet préservé perd de son intégrité, perd une part de lui-même.

                  Le film observe la façon dont les collections sont organisées et préservées à l’ère de la technologie
    numérique, toujours en expansion, et de la « dématérialisation ». Cela trace un parallèle entre le sort de chaque objet
    culturel et de l’individu – les deux étant terriblement incertains. D’une certaine manière, ce film nous invite à nous
    remémorer la fragilité de notre propre existence.

                                                 Roberto LUCAS HERRANZ,
                                                 Homenaje a Franz Roh, 3min 55, ESP

                                                               Le collage fut pour Franz Roh, l’un de ses principaux loisirs;
                                                 une activité tout à fait ludique que l’historien de l’art et théoricien de la pho-
                                                 tographie développa durant toute sa vie, bien qu’il ne la fît connaître que
                                                 lors de ses dernières années d’existence. Franz Roh souligne à quel point
                                                 cette pratique remonte dans sa jeunesse, car « bien avant d’étudier l’His-
    toire de l’Art, je découpai des bouts d’illustrations pour les utiliser comme comparaisons de formes. Un jour, j’ai été
    très ému en découvrant la quantité de nouvelles compositions qu’il était possible d’imaginer lorsque ces morceaux
    se regroupaient. Dès lors, stimulé par le collage cubiste et surtout par le surréaliste, j’ai commencé à donner à ces
    combinaisons qui surgissaient par hasard au début, un ordre fondé sur la structure ou le contraste. Grâce à une telle
    méthode, n’importe qui peut obtenir une expression différente avec les mêmes fragments de base. Les détails les
    plus voyants sont découpés, ceux qui électrisent ou repoussent, pour ainsi dire, sont placés sur une surface, alors
    que l’on contrôle la fantaisie structurelle et thématique. Ainsi peuvent surgir de nouvelles images surprenantes qui
    nous transportent du monde réel à un autre possible et excitant. »
                  Les collages de Franz Roh, chargés d’une intense qualité métaphorique, provoquent une sorte de glis-
    sement de l’inconscient sur les marges où a lieu l’apparition de la scène, et dans laquelle les objets et les silhouettes
    humaines découpées par les ciseaux de l’artiste allemand semblent être les témoins d’une vertigineuse fuite en
    dehors du réel. Le résultat final en est une étincelle qui allume une image subversive, surréelle; une image devenue
    totalement nouvelle, bien que réalisée avec des fragments, découpages d’images encore reconnaissables.

                                                                                  Roberto LUCAS HERRANZ
                                                                                  Traduction : Isabelle Romero Claveau

    Claude MARGUIER, Sans titre ( Fenêtres ), 4min, FR

                  Le titre est explicitement programmatique; il est à la fois,
    une variation esthétique sur un motif, fondée sur le plaisir métrique,
    la reprise transformée, la virtuosité de la suite, et la décision du motif
    dans la alignée des grands ancêtres du film répétitif. Ainsi selon la suc-
    cession de processus, d’opérations, de manipulations règne la mise
    en abyme, alors que le réel est confronté à sa propre représentation.
    Les images super 8 et la vidéo dialoguent dans un même espace de
    monstration, interrogeant un réel insaisissable, fragile, en cette vision complexe, paradoxale et fantomatique.

                                              Guillaume MARTIAL, Le modulor, 1min 25, FR

                                                            Prenez une salle de sport, trois modules de gymnastique
                                              ( bleu, rouge et jaune ), une silhouette humaine ( Guillaume Martial lui-
                                              même ) et vous obtiendrez le MODULOR. Le Modulor est une unité de
                                              mesure architecturale idéale pensée par Le Corbusier en 1945. Selon l’ar-
                                              chitecte, elle offrirait un confort maximal dans les relations entre l’homme
                                              et son espace vital… Dans un jeu habile avec l’espace, Guillaume Martial
                                              revisite cette notion et questionne son sens et notre rapport à l’espace.
    En découle une nouvelle lecture : absurde, surréaliste et burlesque…

CINÉMA EXPÉRIMENTAL -ART VIDÉO- MONOBANDES

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