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VIDÉOS ET FILMS D’ICI ET D’AILLEURS
Si le projet humaniste de défense des droits des hommes à leur terre, si la pensée sur l’impossibilité
de liberté en terrain surveillé sont évidents, Florent Meng les prend selon un cheminement cinématographique. La
musique composée par Ceel Mogami de Haas participe à son atmosphère, en liant des composants, au départ fort
étrangers, dans une variation envoûtante éloignant à jamais de tout regard didactique.
Certes The World, The Flesh and the Devil, le film enchâssé lutte contre le racisme, le refus de l’autre
mais les plans retenus par Notes sur H2, sont de grande composition, ils privilégient la grande verticale croisée à
la perspective, la recherche de la grande profondeur du champ susceptible de montage interne; en outre, ils sont
diffusés dans le petit écran lui-même doté d’un appareil de contrôle, que le surcadrage intègre dans le champ par
trois fois.
Très explicitement, après avoir quitté l’homme et filmé des champs d’olivier jonchés d’olives sèches,
Florent Meng écrit « j’espérais ne pas partir sans une fin pour mon film » et avouant qu’à son retour, il n’avait « pu
filmer ce jour-là » … il filme cependant de petites fleurs type crocus (?) mauves, devant lesquelles il a disposé un
papier de contrôle colorimétrique. La bande en est reprise sous une marine du XIXème siècle, du peintre américain
Homer Winslow, introduite après le bref générique; loin de cette terre aride, The Gulf Stream, y décrit un marin
allongé dans son cotre au mât brisé et bousculé par la mer houleuse et infestée de requins. Le tableau est posé sur
un roman ouvert, lui–même sur un autre plus grand dont se lit la phrase : je suis une légende. » Florent Meng sait
qu’on ne crée pas de rien et que la pensée y compris filmique se nourrit des œuvres pour inventer sa propre parole
cinématographique. Simone DOMPEYRE
Lucie MERCADAL,
Hafenpfütze, 4min 21, ALL
Plusieurs plans décrivent la désolation d’un port dé-
sert. Sous le ciel gris, des zones de stockage, des décharges et des
containers abandonnés y pèsent d’autant plus mornes. Une mélodie
monte en crescendo jusqu’à la confrontation soudaine avec l’instal-
lation industrielle inhospitalière. Ce murmure énigmatique comme le
chant mythique de la sirène nous attire alors que la « mise en scène
d’une crise poétique » pleine de suspens brise brutalement notre vision pleine de rêve : c’est l’artiste performeuse,
elle-même, qui crée un son mélodieux en embrassant une flaque.
et L’histoire de Joseph et Anna, 5min, ALL
La main gauche, c’est Anna, la droite Joseph. Moi je suis
la petite-fille allongée. Couchée sur le dos devant un muret, je raconte
l’histoire de mes arrière-grands-parents, qui ont émigré de Silésie
jusqu’en Alsace entre les deux guerres mondiales. Cet évènement
familial est relaté dans un espace public à la manière d’un théâtre de
marionnettes. Entre hasard et préméditation, la narration se laisse
influencer par l’environnement extérieur et contemporain.
La vidéoperformance a été produite dans le cadre du projet The Logographers à la Galerie d’art Contemporain
d’Opole en Pologne en Juillet 2013.
Cf P 140 : INSTALLATIONS pour découvrir d’autre propositions de Lucie Mercadal
Albert MERINO, Hidden mud, 7min 42, ESP
Le temps se dépose en strates que l’espace cumule – comme 35
la terre – en forme de sédiments. Dans cette pièce, la vidéo devient
un dispositif qui semblable à un outil expose les différentes strates
temporelles accumulées dans un endroit. Cette dissection de l’espace
génère une convulsion, au sein de laquelle présence et absence se
rencontrent à nouveau, en établissant un dialogue silencieux. Alors des
gestes étonnants, des figures imprévues se croisent pour glisser cette
impression d’étrange avec juste la pincée de frayeur pour le frisson.
Avec : Flore Sassigneux, Marie Sassigneux. Musique : Leon Dane, Alcalica
CINÉMA EXPÉRIMENTAL -ART VIDÉO- MONOBANDES
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