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VIDÉOS ET FILMS D’ICI ET D’AILLEURS
Yiorgos NALPANTIDIS, Minore, 5min 15, GRE
Minore un film footage retrouvé, composé en grande
part de films de famille 8mm et super8mm, montés et retravaillés.
Il tisse les paysages parcourus et des sons pour leur mouvement
conjoint. Il s’inspire de Smyrneiko Minore chantée par Marika Pa-
pagikas, enregistrée en 1918. La chanson traditionnelle grecque,
dit l’amour en tonalité de lamentation forte, elle profère “Si tu
m’aimes, et que c’est un rêve, que je ne m’en réveille jamais. Dans
l’aube douce, Dieu, laisse mon âme partir » La voix de Marika Pa-
pagikas résonne sur les espaces traversés, elle les ancre dans
sa terre. Elle, devenue après son immigration en Amérique la figure essentielle du rebetiko tragoudi, style créé à
Smyme et réinventé dans l’exil, avec le souvenir de l’expulsion sauvage de la communauté grecque, au Pirée, par
la Turquie en 1922. Blues grec de la classe ouvrière, des pauvres en milieu urbain, il privilégie les thèmes liés la vie
réelle - l’amour, la perte. La chanson entendue n’est ainsi pas un emprunt anecdotique, elle est inhérente à la quête
de Yiorgos Nalpantidis. Il y a dans ce duo film / musique la trace, l’effluve de ce qui est passé, perdu non d’une perte
quantifiable, désignable mais perte de cette espèce de lien qui s’opère entre l’homme et l’endroit pour que celui-ci
devienne un lieu, son lieu. Simone DOMPEYRE
Barbara NOIRET,
C’est-à-dire, 4min 30
et Construire de la poussière, 2min 24, FR
Autant de déclinaison de ce rapport de l’artiste au lieu qu’elle dé-
couvre dans la performance. Lieux du passé qu’elle balaie non pour l’éliminer
mais pour rassembler ses traces minuscules, humbles de ce qui y fut. L’as-
sociation des termes garde de cette approche ténue, en silence dont parfois
un geste plus net rappelle les voix qui s’y sont croisées, les corps qui s’y sont
mus. C’est-à-dire dit tout en lui-même : Cf. P 123 : INSTALLATIONS
Adrien OGEL, 30:30, 2min 25, ESAD Reims
Parcourir l’espace du quartier comme un animal en cage.
La promenade d’un jeune homme nonchalant sans dé-
part ni arrivée. Comme prisonnier d’une boule d’entraînement pour
hamsters, transparente et bleutée qui le malmène, par l’effet de l’en-
cadrement circulaire qui superpose son itinéraire en couches iden-
tiques. Sa marche ainsi multipliée perd de sa précision, et précise
et se diffuse. 30:30 est le portrait - vidéo d’un homme qui n’a pas
le choix, et qui avance et continue dans un confinement dont il ne
semble pas avoir conscience; le portrait d’un conformisme que la création vidéo tente de mettre en contradiction.
Marianne PASCAL, Vor winter reise, 5min 12, FR
S’il est question dans cette vidéo d’une multitude de lieux, ce
n’est que pour mettre en évidence le lieu dans lequel ils prennent sens :
le lieu de l’instant présent, celui de notre corps, celui que cette multitude
de lieux forme, construit, façonne, inexorablement, jour après jour, voyage
après voyage, saison après saison, succession de lumières, succession
de sensations, de rencontres : notre corps qui est le miroir de notre âme
est aussi le miroir de ces lieux.
38 C I N É M A E X P É R I M E N T A L - A R T V I D É O - M O N O B A N D E S
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