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VIDÉOS ET FILMS D’ICI ET D’AILLEURS
La déclinaison varie ses rythmes, de très près ou en plan rapproché poitrine,
le visage en effet de négatif, la main serrée ou pas en poing tirant vers le sépia,
de plus loin en plan d’ensemble la plage, ou en demi-ensemble l’immeuble
détruit, les couloirs vides empruntés…figuratifs pour la reconnaissance de
ces fragments du corps ou glissant vers le masque, voire l’abstrait et l’énergie
d’une flamme, ou en onde quand Arvö Part y emporte.
Où le souffle est resté. Le titre est énigme, il entraîne dans son incomplétude
le désir du voir. Que se passe-t-il avec ou contre cette proposition de lieu ?
Qui est devenu ainsi à bout de souffle ? La réponse est l’orage, fort, fracas-
sant l’iconicité. Bruit et fureur rappelés - autre film d’Emmanuel - ceux de la pluie, devenue tonitruante à tel point
qu’elle fait craquer l’espace. Des intermittences de bribes d’image reconnaissent et effacent successivement des
toits serrés de ville, surmontés de cheminées, comme autant de silhouettes…l’éclair tient son rôle, il allume et fait
entr’apercevoir car il est aussi par définition « rapide comme… ».
Cette vitesse se fond avec le film qui dessine cette métonymie de la ville ou qui ne retient que des
traces comme jetées de la main d’un peintre abstrait, et qui à l’unisson avec le piano, staccato ou moins haché, se
rue dans la répétition.
Un duel confronte la scansion filmique avec l’éclair; le flicker reprend le même plan avec des variations
rosées des toits; il gagne en rapidité mais l’éclair plus net, étire son zigzag, zèbre l’ensemble du plan, il est clarté,
il écrit engageant un court poème mode d’emploi d’approche du film. « Sous le ciel ouvert / fendu / un éclair où le
souffle est resté / suspendu.» L’atmosphère est celle du Haïku sinon la métrique qui déborde le nombre de vers et
n’obéit pas à la métrique mais le lieu ainsi évoqué en a la force évocatrice.
Simone DOMPEYRE
Maximilien RAMOUL, NoitauQE, 4min 44, FR
Dans un parking, je me filme dans un espace labyrinthique dans
lequel je cherche une issue de secours. Filmant avec un appareil photo com-
pact, je revisite les codes du film de suspense en constituant une boucle vide
et sans fin. En filmant l’espace dans lequel je suis et en alternant les points
de vue, j’évoque une sensation personnelle attachée à un monde sensible où
l’homme vit et pense accéder à la vérité par ses sens.
Tout comme dans L’allégorie de la caverne, mon imaginaire de-
vient, petit à petit, ma propre réalité. Ainsi je suis confronté à la froideur d’un univers contemporain qui m’enferme
dans une angoisse et une paranoïa quotidiennes. A travers les bruits de l’image je tends vers une démystification de
celle – ci pour accentuer une ambivalence du réel.
Où sommes-nous? Où allons-nous ? En quoi croyons-nous ? autant d’interrogations que je tends de suggérer
dans ce film où l’individu ne peut être dissocié de son espace.
Cf. Installation de Maximilien Ramoul, Couronne de sucres, P 132 : INSTALLATIONS
François ROUX, The western bug, 1min 21, FR
“Si un arbre tombe dans une forêt et que personne n’est là pour
l’entendre, fait-il tout de même un bruit ? ” Si un arbre tombe dans une forêt et
que personne n’est en dessous, cela blesse-t-il quelqu’un ? Si on entend un
arbre qui tombe, est-il vraiment tombé ? Si des arbres tombent au Canada,
est-ce que les pins parasols italiens le savent d’une façon ou d’une autre ? Si
on tombe dans une forêt, est-ce que les arbres s’en préoccupent ?
The western bug prend pour référence la question désormais
répétée: “ Si un arbre tombe dans une forêt et que personne n’est là pour l’entendre, fait-il tout de même un bruit ?"
et opère un déplacement sous les pins parasols de Rome, sous les bruits d’abattage d’arbres au Canada. Outre
ce “bug” de la pensée de la science occidentale et logique quand il s’agit de comprendre les problèmes théoriques
et existentiels soulevés par la théorie de la physique quantique (et bien retenus par la question devenue si connue),
il y a cet insecte, le Leptoglossus Occidentalis qui, dans les années 90, a été importé par erreur des Etats Unis vers
le nord de l’Italie, et qui a décimé des forêts entières de ces pins parasols majestueux.
Réalisé avec le soutien de Est-Nord-Est résidence d’artiste et Pépinières Européennes pour Jeunes Artistes.
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