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Vidéo Traverse Vidéo 2016 - L’atypique trouble 30 Vidéo

question. Le paysage social est devenu un espace bruyant fragmenté et dominé par la publicité. Nous
produisons des tonnes de produits aussi brillants qu’éphémères destinés à une éternelle déchéance
dans le purgatoire des décharges. Depuis 50 ans, le pouvoir des entreprises est glorifé, la consommation
applaudie et le gaspillage justifé. Désormais, nous sommes placés devant un avenir précaire. Sous l’assaut
des images médiatiques, nous expérimentons la vie comme une suite de moments schizophrènes.
Empêtré dans un cycle sans fn du divertissement, le monde occidental vit dans la post-histoire où tous
les grands récits se dissipent et où la dépendance technologique diminue le concret de nos expériences.
Notre conscience collective a été réduite à un fou dispersé qui dérive de multiplex en centre commercial, de
Twitter à un message textuel, d’une cigarette à une autre heure de TV - notre attention étant détournée
par la lueur séductrice de promesses scintillant à l’écran.
Nous sommes idéologiquement encodés, les publicités faisant, sous l’effet de la sémiotique, du sens à
travers le système des signes mis en relation. Il n’y a pas de réalité en dehors de la représentation, mais
un système de sens socialement construit. Nous sommes inconsciemment structurés par ce répertoire
de codes et cette grammaire du sens qui dissèque les structures binaires ».


Myriam JACOB-ALLARD, Les soleils se couchent à l’ouest, 2 : 00 min., Can.
Si la country puise son style à diverses sources folkloriques d’origines
européennes ou au Gospel des Noirs américains, les débuts du parlant
appréciant la chanson, Hollywood intégra dans ses nombreux westerns,
de nombreux cow-boys chanteurs et depuis « Country » est quasi syno-
nyme de cow-boy. Pour preuve, la majorité des festivalières de Au Cœur
du Country, documentaire réalisé par la même réalisatrice, expliquent
leur attachement à cette musique, habillées dans ce style, festivalières. Les soleils se couchent à l’ouest
prétendrait à cette adhésion si ce n’est son pluriel « soleils » qui s’éloigne du paysage attendu et si on
ne connaît pas Maman, ne t’en fais pas, variation sur le rapport à la mère et la Country, où la réalisatrice
Myriam Jacob-Allard, sur un air idoine, tient la guitare dont elle ne touche cependant pas les cordes.
Quant à cette vidéo, elle préfère le footage, double de son et d’images indépendants. Un mot se
répète sous des couchers de soleil à travers le monde, sur les villes patrimoniales, sur les mers et les
terres, sur les montagnes et sur les plaines et tous empruntés à des vidéos amateurs sur Internet.
Soleil couchant cercle doré, pris par les brumes, miroitement refété, orangés et jaunes s’y nuancent
ou explosent. Ce mot « maman » détonne tant il ne correspond pas aux topoï du western, pourtant le
nombre de variations, voix masculines et féminines, prouve sa récurrence dans les chansons country
western québécoises.
Parfois triste et lentement énoncé, parfois ému et sentimental, le terme garde des traces de ses origines…
la partition suit le decrescendo d’une chanson, traînant sur la dernière syllabe. On y soupçonne aussi
un rapport affectif mais plein d’humour avec sa propre mère. Simone D.


Jingyue LI, Sculpture rouge, 3 : 18 min., Fr., ESAD Reims
Sculpture rouge est de ces vidéos qui fascinent. Elle annonce une
approche conceptuelle du genre statuaire en réunissant la couleur aux
contours, contre les querelles qui ont pu secouer le monde des Arts à
l’époque classique.Plus encore, cette variation sur le rouge entraîne une
approche insolite, performative de l’artiste avec viande… rouge. La couleur n’est pas sans volatile. Jingle Li
se tient droite ; le plan rapproché poitrine libère son visage et le haut de son buste qu’elle ceint de viande et en
litanie, elle énonce en français et en chinois alternativement le fragment voué au rouge de « Les voyelles » de
- 2. Cinémathèque de Toulouse -
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