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Vidéo Traverse Vidéo 2016 - L’atypique trouble 31
Rimbaud ; poème qui attribue des couleurs à ces lettres et en recherche des modèles. « Pourpres, sang
craché, rire des lèvres belles dans la colère ou les ivresses pénitentes » que répète l’artiste, l’entourent
autant que le turban, l’étole, la cagoule qu’elle forme et qui se défont comme les mots se remplacent ;
elle recommence inlassablement liant ainsi les mots à cette matière en cet accent étranger qui poétise
étrangement cette étrange action. Simone D.
Pierre ORCEL, L’Absente, 3 : 38 min., Fr.
En numérisant les flms Super-8 de Charles Ritter j’ai été ému par les
rushes de son flm Last straw de 1981. J’ai senti comme une urgence,
faire quelque chose de ces images, quelque chose d’autre. Un besoin
de réécrire. Avec son accord et sa confance, je me suis approprié un
certain métrage avec lequel j’ai fait ce flm.
Un jour après avoir monté une première version, j’apprends que Noëlle Luciani nous a quittés. À part
quelques retouches, je n’ai rien eu à changer à ma première version du flm qui a soudainement pris
un autre sens. Assumés, les artefacts de ces images connotent le passé, la disparition, d’une femme
que je n’ai jamais connue. L’histoire est renvoyée à un passé qu’ancre le souvenir du support original : la
pellicule. Le souvenir fantôme d’une absente gracieuse et belle…
Tzuan WU, Yi-Ren (The Person of whom I Think), 13 : 45 min., Taïw.,
CJC
Yi-Ren - que l’on peut vaguement traduire par « la personne à qui je
pense » - est une lettre d’amour-collage riche de sources aussi diverses
que mon journal tourné en Super 8, des vidéos faites pour le karaoké
et du footage de flms de Kang - Chien Chiu - 1940-2013 - et des
poèmes. Je rends ainsi hommage à ce réalisateur dont je fais une lecture Queer.
En un double écran, la dualité des formes, des images et des médiums construit un contrepoint, métaphore
du mécanisme de nos émotions. J’y rassemble, manipule ses images et entrelace ainsi le ready-made
avec mes éléments personnels, car, peut-être, désormais, les émotions et les expériences personnelles
sont toujours empruntées à quelqu’un et quelque part.
J’y suis le mélancolique : « Mes gémissements ont un peu de Hollywood en eux » de Chiu qui suggère
que nos émotions n’existent pas sans le jeu des acteurs ni les flms que nous avons vus. Porté par les
mots des poèmes de Chiu en guise de piste narrative, le diptyque adopte l’atmosphère d’un récit fottant
dont les images trouvées sont retenues comme des affects de ready-made. Cependant de même que
se perd une génération lors du transfert de l’analogique au numérique, le matériau original est affecté
par son devenir ready-made. Les feurs feurissent et se fanent, les mains caressent ou saisissent l’air,
les hommes passent, les visages disparaissent... mais un dialogue subtil se génère, un murmure vogue
entre le sujet de la perte et l’objet du désir.
3. L’isdaT
Pauline BONNET, Topograff, 1 : 32 min., Tlse.
Par un jeu de superposition, une jeune flle nage dans le tunnel du métro.
Cet espace hybride devient alors un lieu d’errance, qui ne serait ni
enfer ni paradis. La frontière entre l’irréel et le réel ouvre au merveilleux,
le corps fotte en sourire. La temporalité est troublée et les repères
sont brouillés.
- 2. Cinémathèque de Toulouse - / - 3. L’isdaT -