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Vidéo Traverse Vidéo 2016 - L’atypique trouble 35

imaginaire collectif qui caractérise l’objet seulement par l’usage qu’il produit. C’est dans cette humble
perspective que je situe mes interventions. Dans l’utopie d’un monde où l’homme et l’objet cohabiteraient
dans le respect et l’équité des droits physiques.


Laure FORET, J’étais ce monstre, 12 : 00 min., Fr.
« Ce qu’il y a de plus profond dans l’homme, c’est sa peau » Valéry, cité
par l’artiste hors cadre. Il n’y a que le blanc assourdissant ; s’y glissent,
sans autre provocation d’un lieu, des segments de courbes réunis, petits
et d’autant plus prégnants. Doué de vie, le trait se poursuit, comme une
volubile, il s’étire en un corps d’adolescente à la chevelure si longue
qu’elle atteint ses pieds et si importante qu’elle cache tout au long le visage. La ligne ne portraiture pas
une personne particulière, elle façonne la métonymie de toutes les inquiétudes du devenir femme et son
plaisir indissociable à l’être. Le geste est à la découverte de soi jusqu’à l’intime, la main se fait son chemin
jusqu’au sexe imberbe qui frétille comme un petit poisson ; le pubis se couvre de lignes-poils envahissantes,
écho de la gêne de ses changements sexuels. En étapes, le dessin a suivi cet élan animé d’une autogénèse ;
la forme s’est close sur elle-même ; d’où est sorti un appendice, qui s’est avéré le pied avant une, deux
mains. Le dessin en constant mouvement crée les changements. Etranges bientôt, puisqu’une troisième
main caresse, puisqu’un deuxième corps au visage caché lui-aussi de ses cheveux enserre le premier qui
s’y love. Ils induisent qu’il y a toujours un double en nous, que nous sommes la jumelle de nous-mêmes
et que l’une cherche à prévaloir. L’animation, en formant ses fgures dans un constant recommencement,
dans le fottement, répond à ce « je » toujours en train de se faire et constamment à apprivoiser. Simone D.

Tales FREY, A-Terra-Dor, 3 : 13 min., Port., Cia. Excessos
Le protocole est simple, les gestes performatifs de Tales Frey consistent
à creuser la terre avec une pelle, ses gestes sont projetés à l’inverse, alors
le creusement du sol devient comblement, la marche se fait à reculons et
habillage et déshabillage sont interchangés. Le plan est simple, le corps
agissant se détache sur le fond d’un ciel bleu clair, la ligne d’horizon
est celle de la terre, les seuls sons viennent de l’outil. L’activité perd de son utilité sociale puisqu’en deux
temps, elle se cantonne à faire un trou et à le remplir ; elle se fait Nu sans connotation sexuelle. Le sens
de lecture occidental subit la même opposition, l’homme entre par la droite - sens du futur - il quitte
le champ - aux deux sens agraire et cinématographique - par la gauche. Simone D.
Le réalisateur explicite sa parabole : « À-Terra-Dor dont le titre, original en portugais, signife à la fois
« la douleur de la terre » et « surprenant », se lit comme une tentative métaphorique pour remonter le
temps, pour contourner l’inévitable afn d’échapper à la dégradation naturelle de la matière. Le projet de ce
travail consiste à transformer la suite chronologique naturelle grâce à un moyen inventé contre la mort ».


Henry GWIAZDA, Toys, 2 : 27 min. ; Why we have survived, 6 : 01 min., EU
Un univers de grande ville ou une chambre, des comportements humains :
traverser la rue ou simplement jouer mais menés par des fgures numériques
qui n’agissent qu’avec/ne sont activés que par des chiffres : « A cause de
la complexité et de la fréquence du mouvement dans mes travaux et pour
clarifer l’ordre des faits, j’inclus des nombres qui apparaissent dans le champ
quand le fait se produit. Ils servent d’abord de guides pour la perception et la communication mais
sont aussi perçus comme des éléments artistiques. » - cf. texte de Olivier Cheval p. 68 -
- 3. L’isdaT -
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