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Vidéo Traverse Vidéo 2016 - L’atypique trouble 34

Cependant une voix masculine over glose au plus près, les déplacements de cet androgyne ou, commente
le « désordre des sens et du signe ». Celle de Daniel Androvski, qui se fait écho de ses écrits de psychanalyse
qui défnissent « l’insexualité » comme « le refus d’un statut identitaire donné à la sexualité (puisque) la
sexualité n’est pas modulable en une identité pour hétérosexuel, bisexuel ou homosexuel. Le sexe est une
anatomie à combinaisons multiples qui n’a rien à voir avec la sexualité au même titre que la sexualité n’a rien
à voir avec l’identité ». Cependant, le texte n’assène pas de concepts diffciles, leur préférant les chemins
du poétique. L’être suit ses mentions du « je veux jouir » et « je veux me reproduire » en tendant deux petits
papiers manuscrits de tels désirs, marqués du petit cœur naïf des amoureux ; il est alors dans sa robe blanche
et il cache ses désirs entre les bottes de foin comme on glisse des vœux dans le Mur des Lamentations. Le
plus loin qu’il se peut d’un projet d’identifcation tel que la fction le cherche, cette œuvre nous implique
totalement dans la reconnaissance de l’être de l’autre-autre, dans le bonheur du surprenant. Simone D.

Anastasia FERGUSON, Le Mare, 2 : 42 min., Can., GIV
Peu d’indices du conte scandinave dont s’inspire Le Mare, pas de détail
sur l’origine du mot… mais du trouble, de l’inconnu frôlant l’anxiogène.
Le clapotement répond logiquement à l’eau du premier plan - image
première avec son lot de connotations de scène primitive freudienne -
mais dans laquelle émerge un visage en très gros plan, aux grands yeux
adressés, maquillé lourdement voire peint en blanc et aux lèvres réduites
à ce baiser comme le cinéma des années 20 y obligeait la femme-vamp. Ce visage se tourne de profl à
gauche comme à droite, se plonge… le champ s’élargissant, son corps fotte et ses cheveux s’étalent.
Son modèle n’est pas celui de la naïade ni du bonheur, il tire vers les profondeurs obscures. Puisqu’avant
même l’accélération de ce portrait en ficker, son renversement, son élargissement comme dû à un miroir
déformant, entraînent du côté du cauchemar. Le passage au noir, le grouillement de serpents luisants
précèdent la perte d’iconicité, le fourmillement de points, de taches au détriment de la reconnaissance
d’une forme. Des mains folles et des branches en négatif, blanches alternent entre elles et des sortes
de méduses… les espèces s’altèrent et se mêlent. Aussi brève soit-elle, la vidéo comme un sortilège
jeté, ébranle le monde diurne, perturbe les certitudes en produisant une faille vers d’autres zones de
notre esprit. Le Mare obsède ainsi que le son mineur constant en fond. Simone D.

Arthur FLECHARD, La sémantique du mouvement, 3 : 35 min., Fr.
L’Objet meurt. Figé par son statut qui délimite son utilisation, sa
fonction embrasse la monotonie. A jamais limité à l’univers de ses
pouvoirs, il opère en vaillant partenaire de nos vies, agissant au bon
vouloir de nos désirs. Alors que de nouvelles générations d’objets
investissent nos ménages, la plaie devient de plus en plus profonde.
Les agressions sur nos dispositifs techniques s’accentuent et l’amour
de l’outil se heurte à l’exigence de nos plaisirs. La mondialisation a produit une nouvelle forme de ségréga-
tion. Non plus celle des races ou des classes sociales mais bien celles prescrites par un statut (imaginaire)
qui place l’outil dans une posture systématiquement inférieure à l’homme. A l’heure où la « mécanologie »
a quitté l’élite universitaire pour ne devenir plus qu’un vaste souvenir et que le cinéma prône une image
dangereuse de l’outil comme pour veiller à limiter son émancipation, c’est dans la plus réaliste des fctions
que celui-ci circule. Quel délicat itinéraire de vie que celui de l’outil qui parcourt sa parcelle de ménage
pour satisfaire le consommateur. Malheureusement, rien ne semble pouvoir stopper ce mécanisme. Alors
peut-être peut-on distraire l’outil, altérer son geste pour montrer la beauté qui le compose. Détruire cet
- 3. L’isdaT -