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Vidéo Traverse Vidéo 2016 - L’atypique trouble 39

personnalisé. Le danseur étoile qui aimait le Lacrimosa Dei, touché lors d’un grand entrechat, meurt
sous ce fragment du Requiem de Mozart.
Le boulanger de l’Aveyron, d’abord devant sa boutique, pétrit la boue comme de la pâte… Par l’envolée
de ses dessins et de son esprit, l’animation fait ainsi, par de petites histoires, l’histoire de l’Histoire. Simone D.

Daryl LAUSTER, When I see the black hills I will remember you,
6 : 03 min., EU.
When I see the black hills I will remember you - une phrase du chef
indien Crazy Horse - augure de la teneur de la vidéo agit-prop qui
fait se succéder autant de fragments de discours antagonistes où
se choquent les évocations à la Bible, à la Thora, les incitations à
la haine raciale, les propos homophobes, antinoirs comme antiblancs et autres incitations bellicistes
et une étrange énumération : Thésée, Moïse, Borgia et Romulus au renom si différencié. Le sous-titre
participe à la véhémence des discours et de la critique, ils déflent, se superposant, se poussant… Le
choc est d’autant plus rude que l’avalanche verbale, traversée une fois des hurlements de l’alarme, double
l’audition des mêmes paroles en diverses tessitures, celles des orateurs et rare oratrice or ce sont des
mannequins hommes ou femmes qui occupent, quasiment en permanence l’espace visuel hormis une
excursion sur un pont métallique emprunté par un camion. Seul, sauf en une occurrence, de face ou de
profl, avec perruque ou sans, avec maquillage ou sans, sur fond noir ou blanc, chacun remplace l’humanité
déjà abandonnée par les politiciens.
Les paroles sont accréditées de noms plus ou moins connus de la scène politique américaine, outre
celui du réalisateur dont la parole fait scission puisqu’elle en appelle à la rationalité, à la logique qui
conduisit Pythagore à formuler un principe d’harmonie par la mathématique ; de même que le dernier
entendu Douglas Mac Arthur reconnaît à Platon la parole décisive « Seuls les morts ont vu la fn des
guerres ». Le réalisateur-performer perturbe encore le protocole puisque, en plan rapproché poitrine,
un homme sans mouvement, en un regard adressé s’oppose à cette haine mais au fur et à mesure
de ses apparitions, la blessure à son cou laisse perler puis couler le sang qui tache le tee-shirt blanc.
Le cœur saigne sous ces mots comme le corps saigne lorsqu’ils sont suivis, lorsqu’ils deviennent armes
hurlantes et coupantes. Simone D.

Christophe LAVENTURE, Autoportrait, 2 : 56 min., Fr.
La trace de Roman Opalka et de son geste sur l’autoportrait photogra-
phique, qui matérialise le temps qui passe, n’est jamais loin, le portrait
clinique, presque médical que l’on découvre sur cette vidéo succède un
travail écrit lié au centenaire de la Première Guerre Mondiale. Lors de la
rédaction de nouvelles littéraires concernant cette période du confit,
favorisée par la lecture de Blaise Cendras, Joë Bousquet, William March, Frederic Manning… Christophe
Laventure a visionné des flms courts ayant comme raison les traumatismes psychiques attachés au
combat. Les hommes, flmés en caméra fxe, et qui sont atteints par le syndrome de l’obusit ou shell
schock sont le plus souvent incapables de rester immobiles face à l’objectif. On aperçoit, le plus souvent
en arrière-plan, un homme représentant le corps médical affublé d’un tablier qui fait plus penser à celui
d’un boucher qu’à celui d’un médecin. On peut s’interroger sur le vécu du blessé face à cette farce -
parodie orchestrée sous l’œil presque goguenard du personnel soignant. Le noir et blanc et le décor
minimaliste connotent le sentiment de solitude et d’abandon que devait ressentir le traumatisé dans
de tels instants de complète nudité. Afn d’échapper à un excès d’autolâtrie dans le texte écrit et dit
- 3. L’isdaT -