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Vidéo Traverse Vidéo 2016 - L’atypique trouble 40

par lui-même, l’artiste a dû apprivoiser son visage refété par l’écran, mais surtout s’en détacher pour
exposer un regard détaillé et critique de son apparence. Cette description « anthropométrique » se
ponctue d’injonctions à la réaction et à l’amorce d’un dialogue qui ne trouvent pas d’écho. Le dernier
moment du texte, sous la forme d’une impression générale, ramène à la notion première du temps qui
passe et à notre « incapacité à retarder le cours des choses ». La conclusion est sans appel.

Oh Eun LEE, SAWOL, 13 : 52 min., Fr., Fresnoy
Le naufrage du ferry « Sewol » a eu lieu en avril 2014, en Corée du
Sud. Le titre adopte le terme coréen qui signife « le temps qui
passe », ou qui se traduirait selon l’intention de l’armateur « au-delà
du monde ». Outre les membres de l’équipage, 476 passagers dont
la majorité des lycéens en voyage scolaire, participaient à ce voyage.
Lors du naufrage 295 personnes sont mortes et 9 portées disparues, ce qui a fait de cet accident une
tragédie nationale dont tout le pays a vécu le deuil. Le gouvernement a été fort critiqué pour sa gestion
désastreuse de la crise alors que la création d’une commission d’enquête indépendante s’avère encore
problématique, malgré le souhait de la famille des victimes.
J’ai appris ce naufrage au moment même où il s’est produit et il est devenu une obsession pour moi. En tant
qu’expatriée de Corée du Sud vivant en France, je ne parvenais pas à éloigner cet accident de mon esprit
malgré la distance physique et mentale qui m’en séparait ainsi le besoin voire l’obligation de l’expri-
mer se sont-ils imposés sous la forme d’expression qui m’est la plus familière : le flm d’animation avec
emprunt de captures de prise de vue sur Internet. Le lieu de la narration : un appartement en images
de synthèse copie approximativement l’appartement où je vivais lorsque j’ai appris la nouvelle. L’image
sans texture y compris pour le personnage masculin générique, se réfère, cependant, aux flms noir et
blanc avec du grain et très peu de mouvement de caméra. Une voix over, en anglais avec un accent
coréen, y exprime ce qu’elle a vécu mais dans un ton neutre, sans émotion même si les images du réel
de l’accident commencent à hanter l’individu. L’image virtuelle est confrontée avec l’image réelle. « Je »
suis confrontée avec le réel et je dois faire quelque chose… Simone D. d’après la synopsis de l’artiste

Cerise LOPEZ, Les aimants, 11 : 30 min., Fr., ENSAD Paris
Citer les trois musiques qui entrent dans l’univers déroutant des Aimants, sufft
à saisir l’esprit hors genre et hors code de la vidéo. Le grand écart du O salutatis
hostia de Pierre de la Rue, hymne religieux de la Renaissance à Babies, qualifé
de minimal acoustic music par Colleen, sa compositrice interprète et le dérou-
lement du générique sur un mambo portoricain de Tito Puente répond à celui
d’un montage en laisse, style marabout bout d’fcelle… Aimants joue de sa polysémie, objets qui attirent
et ceux qui aiment ; elle part de l’abeille butinant une marguerite et boucle sur elle, enfermée avec la feur
dans une boule de verre qu’une main repose dans un champ feuri. Le ton varie du plaisir à la dispute, de
sourire et de main se crispant, de sourire ou de mimique sardonique, de passages de statuts insolites puisque
comme l’abeille, homme au bureau, jeune flle deviennent objets de boule dite de neige. Aimer n’est pas
une voie tranquille. Le très gros plan d’œil scande les changements d’échelle des plans, la scansion en fash
de visage peint, de kaléidoscope d’éclats de couleur, le papier que l’on tend sur lequel s’anime un dessin
de corps mouvant, autant de transformations qui aboutissent à un portrait de jeune flle en robe estivale à
feurs quasi confondue sur le papier peint analogue. Faussement sage, ce plan décrit des mains sortant du
mur pour la caresser, lui mettre les doigts dans le nez, lui tourner la tête… Effeurer la marguerite s’avère
moins facile pour parler d’amour. Simone D.
- 3. L’isdaT -