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Vidéo Traverse Vidéo 2016 - L’atypique trouble 44


Erwan SOUMHI, L’échelle, 3 : 46 min., Fr.
Un homme manie une échelle… jeune Asiatique, torse nu, son nom
est crédité dans le court générique : Won Hu Cho et il performe avec
cet outil : la projette au sol, y grimpe, s’y agrippe, s’y insère, s’en
approche à genoux, la tire, se renverse sous elle, la relève, passe à
travers les espaces des marches… silencieux, dans la lumière ténue,
fou ou net selon sa position, il poursuit le duo de cet étrange embras-
sement en 3min et quelques de la longueur de la bande Super 8.
Comme une tentative de prendre en charge sa propre histoire quand,
bien même, celle-ci se révélerait entièrement fctive ; à la frontière labile d’un pastiche postmoderne et
du faux, L’Echelle est surtout la trace d’une tentative paradoxale d’intrusion dans le temps. La technique
obsolète du super 8 noir et blanc ajoute sa profondeur temporelle à une action performative actuelle.
L’œuvre est pensée pour un autre temps. Elle est éjectée dans celui-ci par modifcation du médium et
translation d’un support à l’autre puis revient à nous dotée d’une étrange distorsion anachronique. L’imagerie
moderne des vidéos d’avant-garde des années 60 dépasse la fonction de référence pour s’avérer élément
profondément constitutif de la matière sens-temps de l’œuvre.
Comme si l’œuvre redevenait « passé » pour pouvoir dire pleinement au « présent ».
3’.L’isdaT / Decazeville
Julie BOURGES / François de MONTREMY, Umbra, 1 : 45 min., Fr.
Mon ombre recouvre les murs, vertigineux refet de mon absence. Le
temps est hors de lui. La ville n’a plus lieu. Elle a été recouverte par les
racines grimpantes de la réminiscence. La solitude m’accompagne,
peuplée d’images, de rêves et de mémoires. Mes fantômes se mul-
tiplient, glissent sur les murs. Et la ville prend la couleur des tombes,
écrasée sous le poids des ombres qui refusent de livrer leur sens.
Umbra : mot latin désignant à la fois l’ombre, le refet et le fantôme.

Sylvie DENET, Vent debout, 2 : 30 min., Fr.
Le flm indispensable à Traverse, toujours retenu pour la simplicité du
trait ; en une durée plus que brève, des potentialités infnies d’histoire
sans logique se tissent. Cette fois, un homme jeune perché sur un arbre
en un costume hors âge et cravate, tourne sur les branches, s’accroche
à la cime, tend le bras, tient son équilibre avant d’être emporté par un
vent tumultueux, parsemant le champ toujours blanc, d’inaccoutumées
couleurs de poches en plastique volantes… et l’aveuglant par un grand
tissu. Le changement d’axe en contre plongée apprend qu’il survole la campagne sur son arbre déraciné
devenu son véhicule alors que s’amenuisant dans l’espace, il disparaît. Pourtant, une jeune flle cheveux
balayés par le vent, s’arrête prise par un hors champ qui s’espère et découvre l’homme… quand il
était sur son arbre. Il lui fait signe et des piaillements d’oiseau. Un nouveau conte sans cruauté d’un trait
léger. Simone D.
L’artiste dit : « Comme on marche, pas à pas, comme on tricote, maille après maille, j’ai commencé à faire
des flms d’animation en additionnant les dessins, fascinée par le motif sur la page qui se mettait en mou-
vement. Avec le temps, j’ai un peu aiguisé mon regard et complexifé ma pratique. Mais le principe est
le même : la fabrication image après image d’un flm. C’est une technique simple, exigeant beaucoup de
temps, mais qui ouvre un grand espace de liberté. J’ai maintenant plusieurs tricots pour aller marcher. »
- 3’. L’isdaT / Decazeville -
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