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Vidéo Traverse Vidéo 2016 - L’atypique trouble 49


Ken JACOBS, CANOPY, 4 : 30 min., EU., CJC
Le nom de frondaison, de strate supérieure de la forêt, ne fait généralement
pas attendre un espace urbain or la découverte est celle d’une rue du
downtown new-yorkais.
Cependant de simples bâches posées au-dessus d’un échafaudage pro-
tègent le trottoir des pigeons et, ajoute Ken Jacobs, des « terroristes »,
elles forment un passage couvert, protégé, ce qui revient à l’étymologie du terme comme moustiquaire
même si les animaux empêchés sont d’une autre espèce. Quant au soleil, il illumine les feuilles de plastique
comme il le fait pour les feuilles des arbres. Le jeu est simple mais l’effet éblouissant, le flm jouant de cet
éclairage divers en variant axe et échelle des plans. Chaque image est affchée en 2D, puis convertie en
3D, grâce à une formule brevetée, ainsi aucune technologie de projection stéréoscopique n’est nécessaire
et l’image peut être vue d’un seul œil. Les effets de solarisation mais aussi de mouvement de lumière, d’un
côté à l’autre, puis circulaire métamorphose le passage d’un homme en étrange aventure… il n’y marche
pas, se retrouve en trois points puis quitte le tunnel et s’y retrouve plus tard et disparaît. La canopée avale
aussi les trajets du quotidien dans ce regard différent et désorienté. Simone D.


Milicia JOVCIC / Nenad COSIC, Friedrichsfelde Ost, 3 : 47 min.,
Serbie, Croatie, CJC
Une gare, un soir, à Berlin ; Friedrichsfelde Ost dont il ne reste rien
ou presque de sa raison d’être. Le teintage sépia ôte de la réalité
au lieu renversant sa fonction de station.
Pas de plaque de nom de station, pas de mobilier spécifque, les
motifs du train, des rails deviennent volumes en mouvement droit,
luisants et lignes de force d’une composition abstraite. Se détache un
motif privilégié, diversement approché de loin, en plan d’ensemble dominant l’espace, dans la profondeur
du champ ou plus près saturant le champ, avec arbres en amorce ou sans : et non, le couloir vitré passage
d’un quai à un autre. Il ne précise rien de plus dans sa récurrence, que sa traversée par de nombreux
citadins à pas plus ou moins rapides, parfois courant, une fois poussant une bicyclette. Le train glisse en
ralenti. Aucune amorce de narration ni de proposition de documentation, une création d’atmosphère
atemporelle. Le passage, premier retenu de cette partition, est d’emblée sublimé par la lumière qui
s’y diffracte, lumière qui continue son jeu accompagnée tout au long d’une musique style ouverture
d’opéra revue, perturbée par une scansion sonore d’une onomatopée renversante puisque ne renvoyant
à aucune cause, et la prononciation d’un vocable étrange sans signifé. Pas de nom réel de station pour
une station irréelle devenue plein objet vidéographique. Simone D.

Anahi LOPEZ FERNANDEZ, Fascisme Génétique, 5 : 00 min.,
Mex., Coll. Arból
Le titre sans ambages ni ambiguïté condamne l’obligation sociale
à se conformer à un modèle sexuel, la discrimination pour ceux qui
ne répondraient pas à l’hétéronomie. Il amorce une argumentation
vidéo, emportée par la fougue d’une chanson populaire mexicaine
du temps de la révolution, tout en s’emparant d’un fragment de
documentaire des années 50 en N/B sur les recherches en labo-
ratoires : une femme baigne des lamelles dans une solution… Il l’achève avec la reconnaissance, pho-
tographie en format ovale, signe d’époque, des travaux précurseurs de Nettie M. Stevens, 1861-1912,
- 4. Le Musée des Abattoirs -
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