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Vidéo Traverse Vidéo 2016 - L’atypique trouble 50

« qui a identifé, interprété et décrit le rôle des chromosomes sexuels » et le même air lançant le mot
« liberta ». La vidéo se dédie à tous ceux dont le corps a été mutilé pour n’avoir pas correspondu au
modèle. Entre les deux, des cartons affchent les diverses combinaisons de chromosomes 46 XY/47 YYX…
et déclinent les types sexuels existant sans ostracisme, vagin avec ou sans utérus, pénis et seins etc. La
dénonciation de l’imposition dépasse le constat d’images sérieuses puisque un feu d’artifces de traits
de diverses couleurs éclatantes se réitère et entoure des corps nus dansant, se caressant, se masturbant…
sans retenue, sous le rythme répétitif d’une musique électronique. Le coup de poing s’assène mais
dans l’invitation au plaisir y compris vidéographique. Simone D.

Natacha MANKOWSKI / Jasmine ALAKARI, Deeper,
13 : 49 min., Alle.
Dépasser la limite de l’image, tâcher de déborder le
champ et sa notion même comme espace délimité.
Dépasser la surface, aller plus « profondément » est le
projet auquel invitent dans sa brièveté, le titre, dans sa
constance tout au long du voyage, la voix féminine en
off et dans son mouvement, le corps d’une jeune femme. Envoûtante, la voix lie les variations virtuoses du
champ vidéo et le corps danseur. L’unicité du plan est débordée, un couloir se forme selon les diminutions
successives du cadre, un screen split rassemble le visage répété ou l’espace se dote d’ubiquité en
le multipliant dans le même fond. Ce n’est pas pour autant la crainte de la perte, le corps fragmenté
se meut, les mains ondulent, le visage se refète, se répète, entraîne en modèle. Le fottement dans
l’agréable est répété et convie à s’y laisser conduire. Les verbes usent de l’impératif, les phrases de modé-
lisateurs de souhait et de demande. La première invite passe par le regard adressé en effet de hors cadre
avec le portrait en très gros plan de la femme, yeux bleus si clairs à s’y noyer, à se laisser hypnotiser. La
musique drone participe à cet endormissement au monde du réel ; répétitive, elle s’allie aux accélérations
du corps ; obsédante, elle ponctue les fashes blancs de l’espace profond. Le ficker s’accélérant, les
repères spatio-temporels cèdent ; ainsi une architecture de ville avec ses immeubles sous le coucher
orangé du soleil devient-elle motif plus que localisation, puisque Deeper n’obéit pas à la géographie
mondaine dont elle sait qu’elle n’est qu’une image, une représentation de l’espace. Les images du virtuel,
les images calculées construisent des mondes ; les frontières se dissipent et le perçu reçoit le refet de
celles-là, en une « archéologie du virtuel ».
L’incrustation d’elle dans le scintillement d’une image aquatique, la surimpression des composants SONT,
dans le moment de leur vision, dans la sensation que l’on en a, sans question sur leur légitimité par rapport
à un réel désormais si entrepris par le virtuel. Simone D.

Natacha MANKOWSKI / Onformative, Dune, 4 : 23 min., Alle.
L’effeurement de la lumière découvre un étrange lieu au bleuté émeraude
ou au bleu de l’ailleurs, de l’autre côté de l’image calculée.
L’atmosphère est celle d’une arrivée non seulement sans chaleur mais
où ? Des formes géologiques : cailloux en très gros plans ou falaises
striées ainsi qu’un artefact, s’appréhendent selon divers axes ou re-
viennent en dérogation de toute orientation. La sonorité dans le remous et l’étrangeté se fssure de
stridences. Métamorphose numérique du si mal connu, le Brooklyn Navy Yard de New York, menée en
stéréophotogrammétrie et modélisation 3D, et empruntant un autre code que langagier, ainsi qu’un
poème, Dune entraîne vers d’autres rives. Simone D.
- 4. Le Musée des Abattoirs -
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