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Vidéo Traverse Vidéo 2016 - L’atypique trouble 55


Les Soeurs h, On disait sans cesse de moi, 5 : 47min., Belg./Suisse
Reconnaître de l’esprit à quelqu’un est lui reconnaître de l’intelligence,
mais « esprit » chez les Soeurs h, récupère en outre l’image du farfadet
qui échappe aux conventions. En empruntant des formules clichés, des
appréciations du « on dit », elles éclairent les processus relationnels et la
manière dont on se construit avec ou contre l’autre. Leur vidéo déborde
l’énoncé en fragmentant de telles phrases, sur des écrans noirs coupant le
fl du discours et en glissant leur inverse, l’un après l’autre, dans le refus d’une possible appréhension de soi :
« ce qui m’anime dans la vie/m’est incompréhensible/vous est totalement étranger » ; le titre y participe
répété or le seul complément qui le suit ne résout pas l’attente : « mais je m’obstinais ». Le processus
vidéographique ajoute à cette distanciation par ses descriptions de gestes et mimiques inattendus dans un
lieu inattendu pour ce faire : la Chartreuse de Villeneuve Lez Avignon, lieu d’expériences artistiques reconnu.
Un homme dansant avec une chaise dans le jardin.
Un homme au miroir en gilet trop étroit ; le même et il revient avec le sourire du plaisir du miroir.
Un homme souriant se laissant tomber dans la haie d’arbres ou bougeant devant un véhicule avec graffti
et parlant sans que ses mots soient audibles.
Un homme plus âgé assis sur un banc puis faisant danser son bout de pied.
Une femme du même âge sur un siège, puis sa tête dépassant d’un mur avec un homme ou dansant
si près d’un arbre.
Le refus de suivre un modèle comme proposition d’identité, quand les images vues deviennent des
propositions à inclure dans des phrases inachevées. Quand le « faire voir » vaut pour les mots, sans explication
arrêtée. Des portraits en acte remplissent les pointillés laissés sans mots…. Les arrêts sur le noir limitent
ces petites actions. Des musiques foraines ou le silence, des bruits répétitifs électroniques transportent
hors de tout réalisme et c’est pourtant de l’homme dont il s’agit. Simone D.
4’. Le Musée des Abattoirs / Decazeville
Paulo Aureliano DA MATA, El Minotaurao #4, 1 : 15 min., Port.
Avec le motif du Minotaure, Paulo évalue la négativité sexuelle dans
des parties spécifques de son corps et de ses vêtements comme s’il
s’agissait d’un artefact relié à la pudeur, même quand il rudoie ce
corps parure, quand il coud de minuscules morceaux de vêtements
sur le petit corps d’un Minotaure tatoué sur son avant-bras droit. La
vidéo se réserve pour le moment où cette image est déshabillée, quand les points de couture ont
symboliquement - comme littéralement - blessé sa peau. Ce travail participe de la série de Minotaures
réalisée entre 2010 et 2015 .

Franck h PERROT, Maman Hiroshima, 7 : 58 min., Fr.
Maman Hiroshima accompagne le mix d’Ichtyor Tides Actiniided de
[R3PLYc4N], autre nom du poète et performeur Mathias Richard. S’y
succèdent : un papillon et une lampe ; une jeune danseuse ; un
groupe de personnes exécutant une farandole effrénée. La jeune flle
danse sereinement mais son port est altier, hiératique ; elle maîtrise
le temps et l’espace, une intériorité sensible et fugace. Autre temps, autre espace : un groupe suit
un rituel savamment orchestré, en tant que communauté en quête de sens, prête à suivre la moindre
lueur factice ; en découle une danse hystérique au milieu de lumières aveuglantes. Sans doute se
brûlera-t-elle les ailes : le fanatisme excelle en ces temps incertains.
- 4’. Le Musée des Abattoirs / Decazeville -
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