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Vidéo Traverse Vidéo 2016 - L’atypique trouble 57

Johanna VAUDE, Western Wind, 7 : 00 min. ; I’m more than
a machine (robots et cinéma), 5 : 44 min., Fr.
Dès 2005, Johanna Vaude, portée par son intérêt concernant
la relation de l’humanisme de la Renaissance à la question de
la totalité, se lança dans le footage afn de suggérer, la place
de l’homme dans l’univers à travers ses créations dans
Totalité Remix, son premier flm intégralement d’images
venues d’autres artistes et penseurs.
Ensuite, elle réalisa Samouraï où sans succomber aux vertiges de la technicité, elle entraîna son écriture
vers les potentialités du numérique, sans oublier celles du Super 8, qu’elle flma, peint, reflma, numé-
risa. Depuis, ses cartes blanches pour Blow up, émission concernant le cinéma d’Arte-TV, l’entraînent
dans la pratique de la citation consciente, sans entraver son esprit de liberté. Elle les pratique comme
une virtuose s’empare d’une première partition avec laquelle elle compose ses propres morceaux. Ses
opus naviguent entre le portrait de réalisateurs, ainsi Kubrick en 2011 : I Turn Home ; le flm de genre, le
premier le chanbara avec Samouraï puis Color Shoot pour le western et les flms sur les arts martiaux, la
boxe, les jeux de casino et la Science fction avec I’m more than a machine (robots et cinéma)… moins
souvent des hommages à des icônes comme Di Caprio, Inner Stranger et Scarlett Johansson et c’est
Western Wind - I trust my feelings.
Johanna est une des fdèles de la première heure, cette année ce portrait-hommage et les robots, cyborgs
et androïdes ont rejoint notre programmation.
Western Wind - I trust my feelings. Ce flm-portrait qui cueille
des images de flms absolument divers dans l’écriture, le
projet, le réalisateur, forme une image personnelle de la
jeune femme au-delà de ses rôles. Johanna Vaude la façonne
avec ses « personnes/persona le masque du théâtre latin »,
puisqu’y sourd une personnalité toujours en train de se
faire selon ses décisions y compris de rôles et de flms. Le
titre préfère évoquer un poème de la Renaissance anglaise,
chanté par l’artiste dans Deux soeurs pour un roi de Justin Chadwick. Elle ne privilégie pas l’intrigue de
ce flm historique qui revenant dans l’Angleterre pré-élisabéthaine, oppose Marie et Anne Boleyn pour
l’amour du roi, mais des paroles de regret d’être abandonnée pour une autre, de surcroît sa sœur. En
incipit, cette tristesse tendre accompagne la ligne musicale jusqu’à sa variation provoquée par le
passage de flms en costumes aux contemporains et futuristes. Elle ouvre la découverte de la femme
mais seulement dans l’entr’aperçu d’ouvertures à l’iris modifées par des éclats de couleur, dans ces feux
d’artifces retenus d’abord, plus vifs ensuite puis remplacés par des plans précis de villes où déambuler,
où courir, où détruire, ou de scènes d’amour du bucolique au torride.
Autant d’indices de l’audace de Scarlett Johansson à passer de flms d’auteur de Nolan à Allen aux
blockbusters avec arme au poing, de rappels historiques de Marie Boleyn ou du modèle à la perle d’un
Vermeer romancé… de jeune flle émue aux vamps se dénudant, aux œillades incendiaires et au sourire
félin de justicière. Johanne dessine ce parcours, cette modulation d’actrice et ce sont, outre les feux
d’artifce qui multiplient le visage dans le même champ, des fondus qui le transposent d’un champ à
l’autre et un fondu au blanc fnal qui lui ouvre les champs / flms à venir alors que souvent son œil en
très gros plan ou adressé en effet de hors cadre, atteste de son intelligence du jeu.
I’m more than a machine (robots et cinéma) joue d’un autre instrument plus tonitruant eu égard à son
thème et aux genres de flms induits le plus souvent, même si souverain le sourire étrange de la femme
- 4’. Le Musée des Abattoirs / Decazeville -
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