Page 118 - catalogue 2017
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Installations 3. isdaT
Lorraine VERNOT, Mirrors, 3min. (isdaT, Fr.)
C’est quelqu’un qui se met à bouger sans prétexte, avec des
mouvements bruts dans un espace étroit. C’est quelqu’un qui se
regarde bouger sur un écran, immobile, dans un espace étroit.
Cette personne regarde sa nudité, son comportement primitif.
Une voix questionne d’abord l’oisiveté et le vide, elle nous décrit
des sensations angoissantes, comme ces mouvements pleins de
rudesse. Puis elle nous ramène à notre corps et l’imagine comme
étant un fltre, un corps sensible qui n’est pas face au vide et n’a
rien de passif, mais face au monde.
La vidéo a cette capacité de circuit fermé qui nous questionne sur
ce médium, sur la place du spectateur. Le regard du personnage,
de la caméra et du spectateur se lie.
Lorraine Vernot et Hugo Leconte
4. Goethe-Institut
Elsa BELBACHA-LARDY, Deutschland-Zeitgeist / Allemagne-Esprit du temps
6min10 (ESAD Reims, Fr.)
Une balade dans le temps, entre souvenirs au passé et souvenirs
du présent. En puisant dans des images d’archives, c’est l’esprit
du temps qui règne entre l’Allemagne et la France de 1935 à
nos jours que j’ai cherché à reconstituer. Tantôt en allemand,
tantôt en français les souvenirs refont surface d’une façon quasi
synesthésique dans la relation afectueuse d’une jeune femme – la
réalisatrice- et de ses grands parents.
L’afection guide l’écriture en quête d’h/Histoire.
Patrick BUHR, Something about Silence, 12min22 (AOM, All.)
Rien de moins que l’antiphrase pour engager dans cette vidéo
virevoltante qui aime rien moins que le silence, puisqu’une voix
over, portée par diverses musiques, l’occupe tout au long malgré
une telle annonce titrologique et malgré un début assurant d’un
constat d’ennui global. Il s’énonce dans la répétition : Tout ce qui
suit est ennuyeux, les objets sont ennuyeux, les personnes qui
suivent sont ennuyeuses...
L’antiphrase se double, le plus souvent, du contrepoint, les
personnes auxquelles la voix s’adresse avec goujaterie restent
invisibles alors que des éléments dits ennuyeux : chaussures
blanches, cœur de pacotille, animaux en peluche - chutent dans
le champ.
A cet incipit déceptif, répond en fn, après une comptine aux paroles incompréhensibles, une chanson bollywoodienne
qui énumère le chat ennuyant l’ours, l’ours ennuyant la baleine. Ce constat négatif agit pourtant comme déclencheur
d’attente voire il attire le regard et l’esprit selon des protocoles d’hypnose. L’énonciateur parle comme un «coach»
de comportement. Sur fond monochrome, en leitmotiv, fotte et disparaît, bleuité en apesanteur, une écharpe
accordée à la musique ensorcelante…un motif aussi fn, se fnissant en rameaux, la remplace en fottant dans une
eau non marquée.
Le noir scande des fulgurances colorées, des cercles faits de points lumineux, de mauve clignotant…Un tourne-
disque prête sa circularité à des motifs kaléidoscopiques et psychédéliques. Seul en déroge un déictique lumineux-
lampe de poche et fèche- vers une robe à pois à désirer, synecdoque de tous les items à posséder mais il entraîne
vers un point unique.
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