Page 138 - catalogue 2017
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Installations 10. Chapelle des Carmélites



La chapelle est d’abord chape, d’abord le vêtement de St Martin
avant, par métonymie, de dénommer l’oratoire du Palais Royal où
elle fut conservée en relique et par glissement sémantique, tout
oratoire rattaché à un domaine privé… la chapelle couvrait ainsi le
lieu de la prière.
La carmélite prise dans le feu de dieu, en rituel d’intronisation,
s’allongeait sur le marbre froid, en chemise.
La prière en chant d’amour à Dieu emplissait l’espace alors que les
peintures leur rappelaient les vertus en couleurs.
Dans l’architecture vêtement de la prière montait la force oratoire.
Dans la chapelle vouée à l’art, une sculpture de tissu verticale
lévite ; les tenants de métal qui la retiennent s’efacent dans la
semi-obscurité de l’autel. Des chemises se distinguent pourtant
nettement, longues et blanches, simples sans foritures ni
broderies, en un unisson. Figures élevées ainsi qu’un oiseau arrêté,
elles s’enfamment, crépitantes, sans mouvements, dont seul le
feu est doué, elles se transforment sous son avancée. Il attaque
la souche, il monte. La famme s’empare de la sculpture, la noircit:
le blanc disparaît au proft du noir, la forme claire au proft de la
couche noire… mais l’oiseau sous-jacent, le phénix se réveille ;
il rejaillit immaculé prêt à reprendre son cycle, image forte qu’un
lendemain est toujours possible.
La translation des choses et des êtres s’y fait en matérialisant le
passage, puisque l’éphémère est le fondement : le soufe prend la chemise, le feu prend la chemise ; le soufe n’est
rien que cette trace sur le linge, le feu n’est rien que cette destruction.
Cependant, le feu projeté sur les chemises est le flm d’un feu, très précisément travaillé à la taille de l’assemblage
des chemises pendues : le feu provoque le trouble et le désir de s’approcher lié à la crainte de la brûlure. Il dit le
corps enfammé.
Simone Dompeyre

Sandrine DEUMIER, Mdr_Intox.viral, 3min (Tlse)

Sandrine Deumier en polyartiste décline des échos divers de ses
préoccupations du rapport au monde et à l’autre en sa parole
poétique qui malgré l’apparente distance, porte l’afectif sur les
créatures qu’elle invente… elle invite, suit l’enfant de l’hyper-jeu,
aux yeux ouverts en grand, au visage lisse et calme inversement
à son environnement. Mots insolites, autre approche de l’enfant,
en image e-image, la boucle sur écran dans la tentation / tentative
de le rejoindre, de dépasser la perte… fait un dialogue inattendu
avec des images plus ouvertement afectueuses et ensoleillée
d’élévation.
D.S

Son poème en vidéo :
« Désintoxication totale. Intox illimitée. Immiscions dans l’hyper-jeu dans exactement 57 secondes. Enclenchement opératoire.
Maintenant appuie sur la touche « in ». Virage toxiquement torride. Coche : je veux. Et le monde sera-à-toi. Test de propagations des
ondes de satisfactions plénières : délibération des statuts d’actes quantifables dans 99 secondes. Taux de survie approximative dans
les zones précédemment desservies. Imperméabilité des champs 87. Etat : zones illicites. Mur de contrôle stable. Stratifcations du
capital humain. Aléas oniriques perfectibles. Détections de produits phytosanitaires dans les couches d’infltration. Provitamine B5 en
surdose. Étiquetage des produits bio-syntagmatiques de masse : hors état dans 58% des cas. Calcul des destinataires primordiaux :
tranche efective 709. Attention. Atteinte au programme d’insécurité. Tu es admirablement-revêtu-ce-soir. Or-fuctuations, poudres-
au-yeux. Illicitement tenaillés sous les poings. En dérive de métaux excentriques lourds accentués. Clic. Disponibilité du sujet : hyper-
opérationnelle. Traçabilité : messages infra-sensoriels sous taxation servile spéciale. Second opérateur réinscriptible : statut en cours de
validation. Captations des surdoses injectées : normativité accessible dans les notifcations d’intimité virtuelle : cache 9. Entrée. Qui se
cache dans le premier axe virtuel de l’e-monde ? C’est bibi. Te suivrai. Pas à pas. Dans le suavement viral. »

CF performance Mdr, Sandrine Deumier, Lycée Ozenne, p.83

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