Page 203 - Catalogue_Traverse Vidéo_2018
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Lycée Ozenne  Installations

                                                               la métamorphose de la machine
                                                               informatique : l’espace urbain
                                                               diswww pour des fonds de motifs
                                                               de yukata, un katagami de vagues
                                                               simplifiées. Ceux-ci deviennent le
                                                               fond d’un écran se faisant dans une
                                                               trouée d’une palissade de tôles, sur
                                                               de petits écrans dans un magasin…
                                                               le jeune homme qui s’attarde
devant cette animation abstraite, porte un pantalon rouge inhabituel pour le porteur
d’attaché-case qu’il est aussi. Il est celui qui en synecdoque des Japonais regarde,
dans le magasin, des vagues stylisées. Il y devient bientôt un personnage en boucle,
répété et répétant en une voix codée « pachinko ». La jeune femme, quant à elle, est
prise comme nouveau motif, restant immobile, détourée et multipliée toujours comme
les créatures de ce style, qui, elles, se transforment, s’allongent.
Lui provoque une cible agissante noir, blanc, rouge, il y dévoile la force active cachée
sous le calme urbain des Japonais. S’y induit aussi la distinction des rôles sociaux,
ce qu’avère le tempo accéléré et plus agressif du montage quittant délibérément le
fonds « réel » de la rue. Entre le regard vers l’image enchâssée des figures animées et
la transformation voire la disparition en bulles des humains, un flicker de jeunes filles
aguichantes, de textes accrocheurs, de personnages d’anime entremêlés et colorés,
du motif endiablé… hypnotise tout un chacun. Alors les billes peuvent-elles atteindre
le mont Fuji, le Fuji-San, puisque les Japonais le vénèrent… Mont désormais entouré
des immeubles à l’américaine de la capitale nippone.

Alors l’œil peut frémir et ne s’ouvrir qu’au rythme du manga et de la bille du pachinko.

L’artiste dit : Pachinko est portée par le désir de plonger profondément dans ce qui
se cache sous l’ordre social et l’harmonie apparente de la culture et de l’esthétique
japonaises. Des fragments de Junichiro Tanizaki, de Roland Barthes ou de Richard
Nisbett se combinent à mon expérience de vie à Tokyo lors d’une résidence d’artiste
comme toile de fond. J’aimerais faire émerger les contrepoints, la contradiction derrière
l’ordre mais aussi les extrêmes visuels de certaines pans de la culture japonaise  :
les mangas, les animes, le pachinko. Alors que les billes de pachinko deviennent
l’allégorie de l’influence de la culture américaine sur la vie voire les traditions. Reste
que chacun suit autant de règles implicites, d’interactions imaginaires avec les voix
ancestrales qu’avec les voix quotidiennes des créatures de bande dessinée.

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