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Installations  Chapelle des Carmélites

Chapelle des Carmélites

Michaël Jourdet, Abstract matte paintings

5min06 | France

                                          À l’origine, les premières images cinématographiques
                                          se nommaient parfois « tableaux ».
                                          Chaque « tableau » était une séquence en soi. Le
                                          travail Abstract matte paintings de Michaël Jourdet
                                          nous replonge dans ce sens perdu.
                                          Par un procédé de compositing – effet de montage,
                                          de véritables peintures abstraites deviennent le
décor de scènes de films d’Alfred Hitchcock : North by Northwest ou Torn Curtain.
Ces séquences étant montées en boucle, la gestuelle des protagonistes se répète en
une étrange spirale. Cette répétition entraîne une décomposition du mouvement qui
n’est pas sans rappeler le travail de Patrick Bokanowski dans L’Ange. Par ailleurs, la
décomposition d’un geste fait écho à l’origine du cinéma, de la chronophotographie de
Eadward Muybridge jusqu’aux 25 images par seconde de l’animation. Ainsi s’établit
un dialogue entre peinture, photographie et cinéma dans une pièce vidéographique,
dialogue qui invite à la contemplation et nous hypnotise... Michaël Jourdet crée du
lien entre les différents temps de l’image.
Dans la Chapelle des Carmélites Abstract matte paintings est projetée sur du marbre.
La surface de projection se mêle à l’image, la redéfinit dans une nouvelle matérialité.
Par cette installation in situ, la picturalité déjà prégnante dans la série vidéographique
ainsi accentuée, entre en résonance avec la chapelle. Une sensation s’en dégage :
la vidéo semble avoir toujours été présente dans cet espace. Elle a trouvé sa place.

                                                                           Nikolas Chasser Skilbeck

Jake Davidson, Geniza A.R.P.O.V.

5min02 | États-Unis

Fragments plus ou moins complets, pages trouées, abîmées, écornées disent
l’ancienneté des textes que Geniza exhume et ranime. L’acte de découverte ne s’affiche
pas comme personnel d’autant que la simplicité du titre, en un seul terme, dénote
une coutume hébraïque, dont la traduction : « endroit de mise en dépôt » désigne par
synecdoque, ce qui y est fait. En l’occurrence, une pièce d’une synagogue servait
d’entrepôt pour les ouvrages religieux rédigés en hébreu, usés et inutilisables, avant

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